Histoire & Patrimoine
Le mystère de la Piéta de Notre-Dame-des-Langueurs
La légende : Au XVI è siècle, un paysan de La Lirais, hameau de la paroisse d’Abbaretz envoyait paître ses troupeaux sur l’immense lande de Vioreau. Il remarqua qu’un de ses bœufs devenait sensiblement plus gras et plus beau que les autres. Il se dirigeait vers un point de la lande, toujours le même et s’arrêtait près d’un buisson de houx et y restait de longues heures. Il ne mangeait pas mais léchait une grosse pierre cachée sous la verdure. Piqué au vif et avec des voisins, ils soulevèrent, l’énorme bloc, et « ô prodige! » Ils aperçurent, dans une cavité souterraine, une statue représentant Marie, la Mère des Douleurs avec sur ses genoux le corps inanimé de son fils Jésus et deux autres plus petites qui représentaient St Eutrope (1er évêque de Saintes où il fut martyrisé) et Ste Marguerite d’Antioche (vierge et martyre). Les paysans, de par Dieu lui-même, élevèrent alors une Chapelle votive. La première pierre de la Chapelle fut solennellement bénite le 12 octobre 1637 par Messire Thomas Gaultier, recteur de Joué, qu’assistaient Nicolas Guybourg prêtre de la paroisse et Jean Poret vicaire à Abbaretz. Une fois l’œuvre terminée, la Piéta miraculeuse fut mise à la place d’honneur, entourée des deux statuettes, et on la salua du titre désormais consacré de NOTRE DAME DES LANGUEURS. (L’Echo Paroissial N° 645 et 646 de septembre 1924). La fête patronale « Compassion de la Sainte Vierge » et un grand Pardon attira la foule chaque année. Cette chapelle se trouvait à l’emplacement de l’actuel four à pain et fut démolie lors de la construction de l’église actuelle fin XIXe siècle.
Les légendes de fondation de lieux de culte : Mais cette belle légende du bœuf léchant la pierre et la découverte d’une piéta n’est pas très originale, puisqu'on la retrouve dans de nombreux endroits en France à cette époque. Tout commence avec la réforme protestante et son expansion marquée par l’édit de Nantes, édit de tolérance en 1598 après les guerres de religion. Les pèlerinages profitent de la paix retrouvée et se développent de nouveau, en particulier ceux qui sont dédiés à la Vierge Marie. L’Église catholique lance ainsi une Contre -Réforme et réaffirme la valeur de la culture classique et de la Renaissance, disant que si le beau plaît il peut servir comme moyen de persuasion idéale et de reconquête des âmes. La diffusion du Rosaire crée alors de nouvelles sensibilités religieuses. De plus, en 1638, le roi Louis XIII consacre la France à la vierge Marie, il veut « écraser l’hérésie qui a créé un état dans l’état ». Et en 1685 Louis XIV révoque l’édit de Nantes. Il interdit tout exercice de la religion protestante, contraire à la liberté de conscience.
Le mystère demeure : Si cette fondation d’un nouveau lieu de culte parmi beaucoup d’autres, semble avérée, rien n’indique, qui a pu placer ces statues en ce lieu. En France, plusieurs ordres religieux ont probablement agi en ce sens. Il faudrait peut-être chercher dans les archives de la proche abbaye de Melleray ? En 1686 le père Abbé et grand archidiacre de Nantes Messire Antoine Binet vient faire une visite pastorale d’inspection de la chapelle et montre toute sa satisfaction.
(Sources :Stanislas Hardy, Christian Jadeau ,Bruno Maes, Bernard Delaunay, Vincent Morel Les légendes de fondation de lieux de culte en Bretagne).
Parution Flash Octobre 2024
Retour sur l'histoire du barrage de Vioreau
L’idée d’un canal... L’idée de la construction d’un canal remonte au XVIe siècle : mettre en communication l’Océan Atlantique avec la Manche, au moyen d’un canal passant par Rennes et St Malo ou encore une jonction de la Loire à la Vilaine et la Vilaine au Blavet.
Avec la reprise des hostilités avec l’Angleterre et le Blocus continental, la supériorité maritime de la flotte anglaise oblige Napoléon Ier à assurer l’approvisionnement des arsenaux de Brest et Lorient par une voie fluviale intérieure reliée à Nantes. Le creusement du canal de Nantes à Brest est décidé, les travaux débutent en 1804.
Il s’agit d’un chantier long et difficile, techniquement mais aussi en raison de problèmes administratifs liés à l’acquisition des terrains et des difficultés rencontrées avec les paysans et les meuniers. Pour le réaliser, une main-d’œuvre abondante est employée : prisonniers de guerre espagnols, soldats déserteurs, bagnards de Brest, paysans, femmes et enfants, vont s’échiner des années durant dans ces travaux interminables. Le canal de Nantes à Brest est livré dans son intégralité à la navigation en 1842 : 238 écluses sur 364 kilomètres et 5 départements !
Concernant le Barrage de la Demenure, c’est le 8 janvier 1833 que les premiers plans de la “Rigole et du Barrage de Vioreau” sont présentés.
Les travaux sont adjugés pour 260.000F à Joseph Delion, entrepreneur de travaux publics. Le “Barrage” a donc été réellement construit en 1834-1835. Il est fondé sur le rocher solide préalablement dérasé suivant une série de plans formant escalier. La longueur est de 131,60 m. y compris les enrochements dans chaque coteau. La hauteur maximum au-dessus du rocher au droit du thalweg est de 13,50 m. Son épaisseur au couronnement est de 7,55 m.
La “Rigole Alimentaire” quant à elle, mesure 19 km 200 de longueur, il compte 35 pontceaux pour les chemins vicinaux, 4 aqueducs, des réservoirs, des déversoirs, des levées en terre . D’autres travaux suivront : construction de la Rigole de l’Isac , construction de la Rigole des Ajaux, construction de parapets et de contreforts en 1887.
Grâce au barrage, le lac de Vioreau garantit l'alimentation en eau et en toute saison de la partie est du canal de Nantes à Brest sur les bassins versants de l'Isac et de l'Erdre.Et même si le canal a perdu son intérêt stratégique fin XIXème siècle, sa construction a permis un certain développement économique de la Bretagne . Il a favorisé les progrès de l’agriculture en permettant d’acheminer des engrais et en facilitant le transport des produits récoltés par péniche : houille, ardoise, pierres, bois ...
Conclusion : Si le développement du chemin de fer puis l’amélioration du réseau routier ont marqué le déclin des activités de transport sur le canal, celui-ci est maintenant un atout important pour le tourisme fluvial, ou en vélo. Les nouveaux circuits comme celui de la « Régalante » ont déjà un réel succès. Et bien sûr Vioreau , plus globalement notre commune de Joué/Erdre, les Pays d’Ancenis et de Châteaubriant, grâce à ce beau barrage qui assure l’avenir, bénéficient de ce développement et permettent à tous la découverte de notre belle région. (Extrait du discours du Maire lors de l’inauguration du barrage. Recherches: Stan Hardy
Parution Flash de septembre 2024
Maurice DEROUIN raconte "sa guerre"
Maurice Derouin fêtera cette année ses 102 ans. Malgré son âge remarquable, il garde l’esprit alerte et une excellente mémoire. En 1939, il a donc 17 ans, il habite à la ferme de ses parents au Montfriloux à la frontière de Joué et Trans-sur-Erdre, il raconte.
« Un soir de 1939, on était à battre le blé noir chez Baptiste, les cloches sonnèrent dans tous les villages, la guerre était déclarée. Mon père, qui avait vécu la guerre 14 18, avait une grande peur des Allemands ».
« En juin 1940, c’est la débâcle et nous voyons sur la route Riaillé, Joué toute proche une multitude de gens passer, qui fuient devant l’ennemi. A la ferme, des militaires français viennent nous demander de vieux vêtements et nous prient de brûler leurs habits militaires dans notre four, de peur d’être arrêtés par les Allemands. On leur donnait une soupe et le lendemain matin, ils repartaient vers leur domicile ». « Plusieurs vieilles maisons du village inoccupées serviront aussi de refuge à des familles venues de l’Est, on leur donnait linge et nourriture ».Maurice se souvient aussi de « Il était 17 h, nous étions à la collation et nous avons entendu l’appel du Général De Gaulle sur notre poste Ducretet Thomson.
Puis avec l’occupation, les soldats allemands viennent régulièrement prélever du lait, de la nourriture, des animaux, du matériel dans les fermes du secteur. « C’est pour nous la période de la résistance passive, quand ils veulent du bois, nous leur donnons du peuplier tout sec qui brûle comme de la paille, ou bien une fois nous avons échangé trois vieux chevaux contre des jeunes sans qu’ils s’en aperçoivent » explique-t-il.
Le 16 juin 1943, Maurice reçoit une convocation pour se rendre à la gare de Nantes, pour aller travailler en Allemagne. l'État Français vient d’instaurer le Service du Travail Obligatoire (STO) qui vise tous les jeunes nés en 1922. Maurice a organisé sa fuite en envoyant deux lettres à un cousin de Paris, Celui-ci lui en renvoie une sur laquelle Maurice avait écrit à ses parents qu’il était à Paris (le cachet faisant foi), pour une destination encore inconnue. Avec ce justificatif, les gendarmes du secteur n’ont pas poursuivi leurs investigations. Mais Maurice n’est pas à Paris : avec 3 autres copains (Gilbert Beaudouin (père) des Ajeaux, Edmond Chotard de la Justière et Donatien Renaud de la Tisonnière, ils ont construit une « planque », grande cabane au fond du « bois Ploteau », ils sont bien cachés dans les fougères. Ils y resteront 6 semaines, approvisionnés régulièrement par les parents. Mais peu à peu le lieu devient dangereux car le dimanche, des filles des villages alentour viennent rendre visite à ces jeunes de 21 ans et ils ont peur d’être dénoncés.
Ils poursuivent alors leur vie, cachés séparément dans des fermes voisines. Puis avec la Libération, vient le temps des règlements de comptes, ceux qui ont profité du commerce avec les Allemands en vendant des marchandises à des tarifs prohibitifs. Maurice se souvient aussi de Jean Saudrais, le coiffeur, de retour de camp de concentration « avec seulement la peau sur les os » dit-il. Mais pour Maurice la fin de la guerre est le retour des jours heureux, il se mariera en 1946.
Parution Flash Juillet - Août 2024
1944-2024 - Le Maquis de Saffré, La Mémoire
Le 28 juin 1944, tôt le matin, l'armée allemande attaque le maquis de Saffré. Ce maquis n'aurait dû être qu'un bref épisode des combats de la Libération au moment du débarquement en Normandie. Mais le sort en a décidé autrement et des dizaines de résistants ont payé de leur vie leur participation à ce maquis. Au départ, malgré les risques, tout semblait plutôt simple : regroupés pendant quelques jours en forêt de Saffré des groupes de jeunes patriotes du nord du département devaient attendre un parachutage d'armes. Puis, après avoir réparti les armes, les responsables devaient donner à chaque groupe des consignes, les uns rendre la circulation impossible sur les axes routiers vers Rennes et la Normandie, d'autres empêcher les trains de circuler ou encore faire sauter une écluse du canal de Nantes à Brest, etc. Mais la malchance en a décidé autrement : arrivés en forêt dans la nuit du 16 au 17 juin, les maquisards ont attendu en vain l'arrivée des avions anglais. Le 17 juin ils n'étaient que 70, mais dix jours plus tard ils avaient été rejoints par des volontaires, et ils n'y avait toujours que quelques dizaines d'armes alors qu'ils étaient maintenant 300. Trahis et trop nombreux pour un maquis qui disposait de peu d'armes, le 28 juin au matin, ils ont été attaqués et vaincus par des soldats allemands trop nombreux, lourdement armés et très aguerris. Et, comble de malheur, c'est le lendemain 29 juin que les avions anglais sont arrivés dans le ciel de Saffré !
Des dizaines de maquisards ont été tués en forêt ou condamnés à mort et fusillés le lendemain. Et d'autres ont été déportés dans les camps de concentration du Reich hitlérien. Parmi les survivants quelques-uns ont encore trouvé la mort dans divers accrochages avec l'ennemi. En tout plus de 70 résistants ont payé de leur vie leur participation à ce moment glorieux et tragique de notre histoire locale. (Etienne Gasche)
Parution Flash Juin 2024
Souvenirs de guerre : Joué de 1943-1945 (1ère partie)
Du 16 au 23 septembre 1943, Nantes est bombardée par l’aviation alliée. Par sécurité, les élèves du pensionnat Notre Dame de Toutes Aides sont évacués et des classes sont dirigées vers Joué /Erdre.
Alice B. raconte : « les rares véhicules avaient été depuis longtemps réquisitionnés par les Allemands, c’est donc en voiture à cheval que filles et bagages feront le trajet jusqu’à destination». Elle poursuit : « notre salle de classe était installée dans la crypte de l’église, la pièce était sombre et froide, éclairée par trois vitraux colorés.
En face dans une ancienne minoterie se trouvaient les services de la mairie. Nos dortoirs ont été installés au-dessus, dans le grenier. Le plancher était si vermoulu par endroits qu’un jour une de mes compagnes s’est blessée en passant le pied au travers. Pour les récréations, nous suivions l’étroit chemin contournant le chevet de l’église jusqu’à la cure où un espace était réservé pour nos ébats».
La vie s’organise peu à peu : débarbouillage à l’eau froide, messe matinale, puis classe en restant emmitouflés dans les bonnets, écharpes et mitaines. La journée est ponctuée par différentes prières : bénédicité, grâces, repas en silence en écoutant une lecture comme au monastère, Alice ajoute : « le dimanche nous assistions à la grand-messe et l’après-midi, après les vêpres, nous faisions une promenade, souvent à Lucinière où résidaient nos aînés les élèves de 2è et 3è année du Cours Pratique ».
A Noël 1943, Alice peut aller rejoindre sa famille, à pied jusqu’à Carquefou, via La Chapelle basse Mer. Après ces vacances, c’est en vélo, en compagnie de son père, et deux amies qu’elle rejoint Joué/Erdre. La commune continue à accueillir des réfugiés, des gens désemparés qu’il faut héberger, environ 1200 personnes en juillet 44 (archives municipales). En janvier 44, le préfet lance un appel aux jeunes pour partir travailler en Allemagne, aucun ne se présentera. En février 44, on annonce le décès du Maire A. Legualès à 58 ans. Alice se souvient du char funèbre tiré par des bœufs blancs. Dès le début 1944, on commence aussi à parler de débarquement. En juin 1944 Alice, après avoir passé son certificat d’étude à Nort /Erdre rentre à la Chapelle-Basse- Mer. En août pour freiner les alliés, les Allemands font sauter les ponts de la Loire.
A la rentrée scolaire 44/45, il n’est pas question de retourner à Nantes, les Allemands occupent encore le territoire. Alice repart donc à Joué/ Erdre, scolarisée cette fois à Lucinière pour une « drôle de vie de château » dit-elle. (à suivre)
Parution Flash Avril 2024
Souvenirs de guerre : Joué de 1943 à 1945 (2ème partie)
A la rentrée scolaire de fin 1943, des élèves du pensionnat Notre Dame de Toutes Aides de Nantes sont évacués et des classes sont dirigées vers Joué /Erdre. Alice B. y restera jusqu’en juin 1945, elle raconte ses souvenirs :
« Pour la rentrée scolaire 44/45, il n’était pas question de retourner à Nantes, les Allemands occupaient encore le territoire. Je repars donc à Joué/ Erdre, scolarisée cette fois à Lucinière. Venant de la Chapelle Basse Mer , l e voyage commence sur des bacs, les Allemands ayant détruit le pont de Mauves. Nous sommes accueillis par la comtesse Legualès de Mézaubran qui habite là avec ses fils monsieur Yves et monsieur Philippe. Nous entrions dans la propriété par une large allée rectiligne, qui s’ouvrait par un calvaire, bordée d’une double rangée de magnifiques chênes . Le grand salon et la bibliothèque, au rez de chaussée, ont été transformés en dortoirs pour la cinquantaine de pensionnaires. En traversant le large couloir, j’étais intimidée par les portraits de grands personnages en habits d’autrefois accrochés au mur. Notre classe était installée dans l’aile gauche et le bâtiment central, nos pupitres face à la vaste cheminée. Dans la dépendance près de la chapelle, étaient installés la cuisine, le réfectoire et une salle pour les cours de couture. Dans la sellerie et les boxes, nos robustes machines à écrire Underwood et Remington, servaient pour l’apprentissage de la dactylographie. Nous apprenions aussi la sténo et la comptabilité à partie double. L’espace au débouché de l’allée des chênes servait pour les récréations et la gymnastique ».
« L’hiver 44/45 a été très rigoureux, mes mains étaient gonflées par les engelures, la construction d’un grand bonhomme de neige nous a fait un peu oublier nos misères. Les cours commençaient par des exercices en chantant pour se réchauffer, par exemple « tapons des pieds, tapons des mains, c’est la fête à St Martin ».Un bon souvenir, malgré tout : en mai 1945 Papa et maman sont venus en vélo voir où je vivais, maman m’apporta une robe qu’elle avait confectionnée dans sa robe de fiançailles, en la portant je jouais à la châtelaine.
Peu après nous est parvenue la nouvelle : « l’Allemagne a capitulé, la guerre est finie ! » . Nous avons eu droit alors à une très grande récréation jusqu’au diner ! A notre départ de Lucinière, Madame la comtesse nous a remis à chacune une carte postale du château signée de sa main ».
Parution Flash Mai 2024
Le premier mariage célébré par une femme, en Loire-inférieure
Deux jeunes gens se présentent à la mairie pour contracter mariage. Le Maire et son adjoint étant absents, c’est Mme Foucaud, conseillère municipale, qui remplit les fonctions d’officier de l’état civil. Après avoir ceint l’écharpe tricolore, elle adressa aux jeunes époux ses vœux de bonheur et de prospérité. C’est, croyons-nous, la première fois qu’un mariage est célébré en Loire-Inférieure par une conseillère municipale. Le phare de la Loire du 24 janvier 1942.
Le mariage mentionné a eu lieu le 13 janvier 1942 à Joué/Erdre et c’est Mme Marie FOUCAUD qui unit le couple formé par Eugène BOURGEOIS, du Bas-Ray, et Yvonne BOURGEOIS, originaire de Moisdon-la-Rivière.
QUI EST MARIE FOUCAUD ?
Marie FOUCAUD, est la fille de Pierre BEAUGARD et de Marie LECLERC. Elle nait le 22 janvier 1892 dans le bourg de Joué où son père exerce la profession d’hongreur et de boucher. L’enseigne « BOUCHERIE » se lit toujours sur leur maison située au 119 rue la Ribaudière.
Marie vit sa prime jeunesse avec ses deux frères aînés Pierre (né en 1883) et Louis (né en 1885). Le dernier enfant de la famille, Henri, nait en 1905 soit 22 ans après son aîné. Le début du XXe siècle est assez funeste pour la famille BEAUGEARD. Pendant cette période, Marie poursuit ses études et un acte de 1917 la désigne comme institutrice à Joué-sur-Erdre. Elle l’est également sur le recensement de 1921 où elle est citée seule avec sa mère, veuve, Pierre BEAUGEARD étant décédé le 13 juillet 1920. Le 21 novembre 1921, Marie épouse Ferdinand FOUCAUD, de deux ans son aîné, menuisier, originaire des Touches. Ferdinand s’installe au domicile de sa femme et c’est là que nait leur unique enfant quatre ans plus tard. Marie-Thérèse FOUCAUD voit le jour le 11 février 1925. Les recensements de 1926 et 1931 indiquent que la famille demeure toujours dans la même maison. Marie s’occupe de sa fille encore enfant. A noter que leur voisin immédiat n’est autre qu’Alphonse DOULAIN qui sera maire de Joué-sur-Erdre de mai 1929 jusqu’à son décès le 13 février 1931. En 1941, Marie FOUCAUD est sollicitée par Mr LE GUALEZ DE MEZAUBRAN, maire de la commune, pour être conseillère municipale. Elle rejoint ainsi l’équipe municipale le 22 juin 1941 où elle est élue secrétaire et même choisie comme responsable de la commission d’assistance, commission qui devait certainement être très active pendant ces temps troublés.
Parution Flash Mars 2024.
"La Paroisse" de Joué : les aspects géographiques
Joué se situe au sud du pays de la Mée. Elle présente l’aspect d’un plateau faiblement ondulé, d’une altitude moyenne de 86 m. Il est entaillé par la vallée de l’Erdre et ses affluents: sur la rive droite : les ruisseaux de la Vallée, Choiseau , Bry et le Baillou , et sur la rive gauche les ruisseaux de la Foltière, des Belloutières, du Pincreloup, des Douves et de la Ribaudière. Les sols essentiellement constitués de schistes argileux ont favorisé la présence d’étangs : le petit Vioreau (30 ha). Les étangs du Pas Chevreuil (35 ha) asséché en 1820, ainsi que celui de la Vallée (20ha), asséché récemment. La création artificielle du réservoir du grand Vioreau ( 181 ha) en 1835 et de la rigole alimentaire, longue de 21 km, ont profondément modifié les paysages. D’autre part le remembrement entrepris entre 1960 et 1963 a achevé cette transformation. Le nombre des parcelles est passé de 7752 à 1448, la superficie moyenne passant de 58 ares à 319 ares et 900 km de haies ont été arrachés. On remarquera sur cette carte fin du XVIIIème siècle que le secteur de Lucinière n’appartient pas à la paroisse de Joué, il sera rattaché en 1820 par simplification afin de réunir toutes les terres de Lucinière . Remarquons encore les deux routes allant vers Meilleraye de Bretagne, Chateaubriant : la première via le Breil, et la forêt de Vioreau abandonnée à la création du lac et la seconde le grand chemin royal passant par le pont du moulin du château de la Chauvelière, Ce tracé sera modifié lors de la construction du pont Galpin.
Sources: Jean Luc Tulot « une paroisse au pays de la Mée ».
Parution Flash Février 2024
La Chatellenie de Vioreau au 17ème et 18 ème siecle sous les Condé
En 1632, le roi Louis XIII confisque la baronnie de Châteaubriant à Henri II de Montmorency pour trahison. Celui-ci intrigua avec Gaston d'Orléans, frère du roi, contre le cardinal de Richelieu. Condamné à mort pour crime de lèse-majesté, il est décapité à Toulouse. Ses biens confisqués passèrent à la maison de Condé. Le roi en fait don à Henri en 1633, prince de Condé, prince du sang lié et habitué à l’exercice du pouvoir à l’échelle du royaume.
Grâce aux Condé, la baronnie retrouve un certain lustre à partir de 1660, les revenus du domaine recommencent à croître : l’affermage de Vioreau en 1695 rapporte 3470 livres. Les princes encouragent la création de forges qui permettent des ventes massives de bois. Une gestion rationnelle de la forêt est instaurée, des arpenteurs, des géographes dont Jacques Le Loyer confectionnent des cartes (ci-dessous) pour situer et connaître les lieux.
Les princes de Condé s’appuient pour gérer leurs domaines sur des personnes de confiance. Par exemple Jean Baptiste du Breuil du Chastelier , fils d’un sénéchal de la Chauvelière à Joué. Il est en 1730 procureur fiscal, puis de 1740 à 1759 il est le receveur général des domaines, puis il devient le premier Maire élu de Châteaubriant en 1751. Toutefois le pouvoir devient de plus en plus centralisé, c’est le conseil parisien du Prince qui dirige, les décisions sont relayées au personnel de la baronnie.
Les afféagements (cession à un particulier contre une rente annuelle) se poursuivent (voir Vioreau au 16è et 17è sous les Montmorency, flash de novembre 2023), principalement landes (terres vaines et vagues de ses domaines) et bâtis (moulins, métairies, maisons) . Tous les seigneurs du pays, vers la même époque, se piquent d'émulation pour arriver au défrichement des vastes landes que la peste noire du XVIe siècle avait laissées après elle. Chacun s'empressait donc d'afféager les terres vaines qu'il ne pouvait mettre en culture par lui-même ou par ses fermiers.
Au début de la Révolution, en 1790, toutes ces terres furent déclarées acquises aux afféagistes et affranchies de toutes redevances, les rentes qui en étaient le prix convenu de gré à gré ayant été abolies comme entachées de féodalité.
Sources : Christian Bouvet « Châteaubriant de la Renaissance à la Révolution », Antoine Pacault « La baronnie de Châteaubriant au 16è et 17è siècles », Charles Goudé « histoire de Châteaubriant », Bibliothèque Nationale de France.
Parution Flash Janvier 2024
1943 : Le premier maquis du département près de Joué sur Erdre.
Le 16 octobre 1943, le maquis à la ferme de la Maison Rouge aux Touches est homologué par un envoyé du général De Gaulle, le colonel Valentin Abeille qu'un avion avait amené de Londres vers l'ouest de la France pour y coordonner les résistants de l'Armée Secrète. Les 27 membres de ce maquis joueront un grand rôle pendant les combats de la Libération, en 1944 puisque 10 des 27 gars de la Maison Rouge payeront de leur vie leur participation au Maquis de Saffré en juin 1944.
Pierre et Léontine Martin, avaient 5 jeunes enfants. Cultivateurs au lieu-dit La Maison Rouge, à quelques kms au sud de Joué-sur-Erdre, ils avaient créé ce maquis quelques mois auparavant avec un jeune résistant clandestin, Yves Gonord. La belle-famille (nortaise) de Gonord connaissait les époux Martin, ce qui a simplifié la rencontre entre ces valeureux patriotes.
Les enfants : Gabrielle, tout comme son frère Yves, étaient très jeunes en 1943 et 1944, mais ils ont encore des souvenirs de la ferme à cette époque . Gabrielle se souvent du jeune Claude Gonord : « il était venu officiellement comme ouvrier agricole, mais c'était une planque. Comme j'étais gamine parfois il me faisait faire un tour de la ferme sur ses épaules ». Son frère Yves avait 4 ans à l'époque : il évoque la ferme, l'élevage, les cultures, et il se souvient bien d'une anecdote qui aurait pu coûter cher à son père : « une fois il était allé à Ancenis pour récupérer des armes. En chemin il a croisé des soldats allemands, mais heureusement il a pu continuer sa route . ». Catherine n'a connu ses grands-parents que des années après la guerre ; ce qu'elle retient d'eux c'est leur gentillesse et leur simplicité. Une fois la guerre finie Pierre et Léontine n'en parlaient plus. Ils avaient été courageux, mais ils demeuraient modestes ». En peu de mots, des héros discrets, qui avaient fait preuve de bravoure, mais qui ne cherchaient pas à en tirer gloire.
Auteur : Etienne Gasche
Légende photo : Gabrielle et Yves, une fille et un fils de Mme et M Martin (Léontine et Pierre Martin décédés en 1974 (lui) et 1980 (elle).). Leur nièce Catherine (l'épouse de notre ami Yves F.).
Parution Flash Décembre 2023.
La chatellenie de Vioreau au 16 ème et 17 ème (siècles sous les MONTMORENCY)
Au milieu du XVI ème siècle, la chatellenie de Vioreau dépend de la baronnie de Châteaubriant, détenue par Jean de Laval (époux de Françoise de Foix décédée mystérieusement, voir la légende de la dame de Vioreau). Mais celui-ci meurt sans descendance en 1543 et désigne le connétable Anne de Montmorency son cousin et ami pour héritier. Anne de Montmorency (1492 † 1567), duc de Montmorency, comte de Dammartin, Baron de Châteaubriant, duc et pair de France, maréchal puis Grand maître de France est un grand seigneur proche du roi. Il possède des centaines de fiefs et environ 130 châteaux dans le royaume de France.
Concernant la baronnie de Châteaubriant, elle comprend plusieurs seigneuries dont Derval, Issé, Jans, Guémené, Nozay, Candé, Rieux en Nort, et Vioreau . Ce grand seigneur loin de ses possessions bretonnes, viendra peu à Châteaubriant. Toutefois, Il accueillera le roi Henri II en 1551 et le roi Charles IX durant 18 jours en 1565. En 1560 Montmorency a un nombre important de vassaux : pour Joué on trouve René Anger de la Chauvelière, Jehan Lorance seigneur au manoir de la Haye, et probablement les terres du Plessis, de la Guinaudière, de Lucinière, de l’Auvinière.
Anne de Montmorency et ses successeurs, Henri Ier de 1567 1614, Henri II de Montmorency de 1614 à 1632, se contenteront de faire gérer les domaines par des officiers seigneuriaux. Toutefois, les Montmorency restent soucieux de la bonne gestion de leurs affaires foncières, ils la centraliseront et la simplifieront. Ces grands seigneurs pour tenir leur fief et en percevoir d’intéressants revenus. durent employer à leur service une quantité de serviteurs présents sur place. Concernant les revenus, les terres de Vioreau en Joué et Meleray sont d’un très bon rapport : 3600 livres en 1585 , une des plus important de la baronnie de Chateaubriant ,la baronnie dans son ensemble rapporte environ 20 000 livres par an.
Parution Flash Novembre 2023
Les malheurs de la fin du XVI ème siècle
Fin du XVIème siècle, le pays est dans la tourmente des guerres de religion, et en particulier entre la ligue (catholiques intransigeants) contre le nouveau roi Henri IV. De nombreuses villes de la région subissent des destructions : Derval, Châteaubriant, le château de Vioreau a peut-être été brulé. On déplore également dans ces années toutes les horreurs de la guerre : brigandage, meurtres, épidémies, disettes… Durant la première partie du XVIIe siècle, la peste fait également des ravages dans la population. En 1589, il y a beaucoup d’impayés et les baux de Vioreau ont baissé d’environ 25%. Pour remédier à ces baisses financières, une partie des domaines est cédé sous forme d’afféagements (cession à un particulier contre une rente annuelle) entre 1623 et 1627 : par exemple à Joué : « la Jartière, le Villessart, Lorgerie, la Dilongère, cédés à Bonaventure Lepetit, sieur de la Guinaudière et d’autres cessions à des notables : Antoine Durocher, Maitre Michel Mazureau, Guillaume Riallan, René Roul.
Sources : Christian Bouvet « Châteaubriant de la Renaissance à la Révolution », Antoine Pacault « La baronnie de Châteaubriant au 16 è et 17 è siècles », Charles Goudé « histoire de Châteaubriant », archives bretonnes du musée Condé. Portraits libres de droit.
Parution Flash Novembre 2023
L'ancienne église de Joué
Comme l’église actuelle, l’ancienne église est placée sous le patronage de Saint Léger. L’orientation de cette église (Est Ouest) était différente, parallèle à la route nationale, contrairement à l’église actuelle (Nord sud).
La nef aurait été construite au milieu du XVIIème siècle en 1659, le chœur serait beaucoup plus ancien. A l’origine, le clocher de l’église se trouvait au milieu de l’église mais en 1754 il fut déplacé au dessus de la grande porte. En 1834, un bas coté fut ajouté au nord, l’église étant trop petite. Les murs sur les cotés, sont percés de fenêtres ogivales. Au sud on trouvait une porte abritée par un vieux porche, une autre du même style s’ouvrait à l’ouest. Les murs étaient soutenus par 4 contreforts.
A l’intérieur , la nef et le choeur étaient voutés, la nef faite en bois, le choeur fait de moellons et de platre. Au bas de la nef, une tribune permettait d’accueillir plus de fidèles. On trouvait également 3 autels de construction moderne et richement décorés. (description du curé Pierre Lebeaupin).
Une autre église encore plus ancienne :
Un état des lieux des églises et chapelles du pays de Chateaubriant a été réalisé en 1663 par des notables de l’époque (messire Barrin chantre de la cathédrale, le prieur de Saint Lazare, le procureur fiscal et le sénéchal de la baronnie). Elle décrit essentiellement si les droits féodaux et la préséance sont respectés : pose de blason sur les piliers ou vitraux, banc réservé... A Joué, ils constatent que les armes du prince de Condé, baron de Chateaubriant, sont peintes sur une plaque de fer fixée sur un pilier ainsi que sur des vitraux . Sur un autre pilier 3 blasons portent les armes du seigneur de Crapado de la Chauvelière ainsi que sur des vitraux . Sous la voûte de la porte, sont gravés les armes des « Laval Chateaubriant » barons aux XV et XVI èmes siècles. Deux tombeaux sont présents dans l’église : le gisant d’Aliette de Pontcallec « fille de Vioreau qui épousa un seigneur de la Chauvelière » (voir flash de mars 2023) et une simple pierre tombale recouvre la sépulture de François Anger de la même maison. L’inspection se poursuit avec les bancs : un banc clos strictement réservé aux membres de cette famille et qui en possédait un second pour ses possessions au Plessis. La famille Cornullier Lucinière possédait un banc « demy-clos », « car ne possédant aucun fief dans la dite paroisse » (à cette époque Lucinière est sur la paroisse de Nort).
Sources: écho paroissial 1909 et Guillotin de Courson « Histoire du pays de la Mée ».
Parution Flash Octobre 2023
L'église Saint Léger a fêté ses 140 ans en 2023
Dès son arrivée le Curé Lebeaupin ( 1877-1903 ) annonça à ses paroissiens qu’il fallait songer à bâtir une église neuve : “La vieille église menaçant ruine et étant beaucoup trop étroite pour contenir la population.” Accompagné des notables de la paroisse, il alla frapper à toutes les portes, la souscription atteignit un chiffre assez important pour permettre de commencer les travaux. La pierre utilisée pour l’ensemble de la construction provient de la carrière de la Malmandière. Le chœur construit en premier permit d’utiliser le sous-bassement en crypte. Les pierres d’angles jusqu’à la hauteur de la crypte sont en granit, puis celles de l’église sont en ardoise et tuffeau. La bénédiction de la première pierre de l’église a été faite le 15 avril 1883 par l’Abbé Allard doyen du chapitre de la cathédrale de Nantes. Puis le 15 décembre 1884 a eu lieu la bénédiction de la 1ère partie de l’église par Mgr Le Coq. Lévêque a béni les 4 nouvelles cloches en septembre 1889.
Les éléments remarquables: au milieu du chœur se trouve le St Patron de la Paroisse, Saint Léger, un tableau représente St Donatien et St Rogatien Patrons secondaires . Les vitraux sont un vrai catéchisme, on remarquera le baptême de Clovis, Ste Philomène, St Pierre, la Vierge et l’enfant, la descente de la Croix, La Ste Famille, le Sermon sur la montagne L’Annonciation, St François de Sales, St Léger, St Jean, l’apparition du Sacré-Cœur à Ste Marguerite Marie, St Donatien et St Rogatien, la fuite en Egypte, la mort de St Joseph, la présentation de la Vierge au Temple... Les boiseries comprennent une chaire placée en 1899, un grand autel, les boiseries de chœur et toutes les verrières de l’église, les 2 confessionnaux de1904, huit stalles d’honneur et des lambris de chêne. Le Baptistère dans la chapelle des Fonts baptismaux a été achevée en 1914, munie d’une cuve neuve en marbre sculpté. Le monument aux morts au fond de l’église, fut béni en 1917.On découvrira aussi des statues remarquables : Saint Léger, en bois peint, sculpté vers 1805, Saint Nicolas, en bois peint, Sainte Barbe, patronne protectrice des pompiers, Saint Sébastien, une statue polychrome de Ste Anne, St Mainboeuf donné au moment de la fièvre aphteuse en 1950. Sainte Thérèse est un don de reconnaissance de 1927.L’église possède encore des bannières et croix paroissiales, un orgue construit en 1920. L’Horloge de 1915 remplace la première horloge datée de 1580. (Sources: Stanislas Hardy)
Parution Flash Septembre 2023
Saint Léger (fêté le 20 octobre): né vers 616, mort près de Fécamp (Seine Maritime) vers 679. Fils d’un grand seigneur, il devint évêque d’Autun et combattit Ebroïn, maire du Palais. Ce dernier lui fit arracher la langue et brûler les yeux, puis l’enferma dans un couvent avant de le faire décapiter.
Une célébrité jovéenne méconnue : Robert CHANCERELLE
Quel rapport entre les conserves de sardines et Joué-sur-Erdre ?
Robert CHANCERELLE est né à Joué sur Erdre le 27/02/1808. Il est le petit-fils de Nicolas ELUERE troisième Maire de la commune de 1792 à 1796. Avec son frère Laurent, il fonde en 1828 la société "la presse à sardines ». Grâce à l‘Appertisation (méthode de conservation inventée par Nicolas Appert), il crée la plus ancienne conserverie de sardines à l'huile au monde à Douarnenez en 1853. Père de 15 enfants, il décède en 1868 mais la dynastie Chancerelle continue. Aujourd’hui la conserverie « Connétable » est toujours dirigée par la famille Chancerelle.
La conservation des sardines : au XVIIIe siècle, la technique de conservation consiste à alterner des couches de sel et de sardine à l’intérieur de tonneaux sur lesquels appuient de lourds madriers lestés de poids. Un trou permet d’écouler le sang, l’eau, ou l’huile qui suintent de l’ensemble. L’usine Chancerelle délaisse ensuite la «presse à sardines» au profit de la stérilisation du poisson, ». Cette méthode consiste à mettre dans des récipients rendus étanches à l’air, les produits que l’on souhaite conserver, puis de chauffer le tout pour détruire les micro-organismes pathogènes. La technique a permis la production de conserves de sardines dans des boîtes en fer-blanc. Aujourd’hui, les femmes représentent environ 85 % du personnel, soit près de 280 personnes. En 2003, pour son 150 è anniversaire, l’entreprise Wenceslas Chancerelle a offert à la ville de Douarnenez une statue faite de granit et de bronze qui rend hommage à toutes les petites mains qui ont fait le succès de la société. mi- femme, mi- sardine.
A propos de Nicolas ELUERE : c’est une personnalité reconnue à Joué-sur-Erdre. Né le 2 mai 1745 à Joué, fils de Pierre et de Sylvie LEDUC, il devient taillandier comme son père et épouse Charlotte BLANCHARD. , Nicolas ELUERE change de profession et devient « fabricant de serges »en 1790. Nicolas ELUERE s’investit également dans la politique jovéenne comme l’indique le journal des délibérations du général de paroisse de 1783 à 1790. « Le sieur Nicolas ELUERE » est ainsi marguillier de la paroisse en 1783, égailleur des sous et fouages en 1788, collecteur du vingtième en 1789. Avec la révolution, il devient officier municipal de 1790 à 1792, puis maire de la commune de 1792 à 1796, adjoint municipal (30 avril 1796) puis président de l’administration municipale du canton de Riaillé du 26 mars 1797 au 26 mars 1799. Nicolas ELUERE décède le 7 décembre 1832 au Bourg de Joué-sur-Erdre à 87 ans.
Recherches effectuées par Dominique Rapion pour l’association « Joué Mémoire & Patrimoine ».
Parution Flash Mai 2023
Le Château de la Chauvelière (1ère partie)
A l’origine, le château de la Chauvelière est une motte féodale, sur la rive gauche de l’Erdre au lieu dit « La Butte » près du moulin Visset. Les mottes castrales (simples tours en bois) ont été édifiées au Xe siècle en Bretagne sur l'ordre d'Alain Barbetorte pour surveiller les rivières et arrêter les Normands. Il est vraisemblable que la Chauvelière fût concédée au guerrier qui avait la charge d'assurer la garde de l'Erdre en amont de ce qui était alors le bourg de Joué. Le dispositif de surveillance de l'Erdre devait être complété en aval par le poste d'Allon. Les vestiges ont parfois survécu à proximité des châteaux construits en dur à partir du XIVe siècle, par exemple la motte d’Allon près du château de Lucinière . A la butte, on pouvait encore récemment deviner les vestiges de douves, mais il ne reste quasiment rien. De l’autre côté de l’Erdre un château en pierre est ensuite construit sur le penchant de la colline vraisemblablement au XIIème, XIIIème siècle, d’après les études de Patrick Bellanger archéologue de la DRAC, mais nous n’avons aucun document à ce jour qui représente cet édifice. Le château actuel date du XVIIIème siècle, la partie principale fut édifiée sous Louis XV, il comprend des pavillons carrés , frontons en demi-cercle et deux lignes de douves . Au-dessous du château se déroulent de vastes jardins en amphithéâtre qui descendent vers l’Erdre. Le château possède à proximité une petite chapelle et disposait d’un moulin à eau sur l’Erdre et un moulin à vent à Mouzinière détruit au XIX è siècle...
L’histoire des principales familles : la Chauvelière dépend de la châtellenie de Vioreau . En premier les « de Joué » : En 1202, Hervé de Joué serait mentionné au livre des Ost (convocation à Vannes des vassaux du duc de Bretagne). Puis les « de la Rivière » « Au testament de Geoffroy IV, 11ème baron de Châteaubriant, est fait mention d'un Pierre de La Rivière, Chevalier, seigneur de la Chauvelière daté du mois de septembre l'an 1262 ». Au XIIIe s des titres féodaux font état d’un Pierre de la Rivière, seigneur de la Rivière et de la Chauvelière en Joué, c’est peut -être lui qui bâtit le château et qui donna son nom à Moisdon (La-Rivière). Thibaut de la Rivière, chevalier de renom, suivit Bertrand du Guesclin dans ses expéditions, il prit part à la bataille d'Auray en 1364, ainsi qu’à celle de Cocherel. En 1450 Jean de la Rivière, chevalier, fut, chambellan du duc et chancelier de Bretagne. Gilles de La Rivière, chevalier, sieur de la Rivière, de la Chauvelière , fut l'un des fidèles du duc François II , fin XV ème . En 1447 un Guillaume de la Rivière est évêque à Rennes. Jean de La Rivière, IIIe du nom, sieur de la Rivière, de la Chauvelière, fut conseiller et maître d'hôtel ordinaire de la reine Anne de Bretagne, il décède en juillet 1504. Aliette de Pontcallec, sa veuve, reçut la tutelle de leurs enfants. C' est la première figure féminine marquante dans l'histoire de la Chauvelière. Femme de caractère, elle sut s'opposer aux prétentions du tribunal ecclésiastique de Nantes . Celui-ci, pensant qu'une veuve avec trois enfants était un parti négligeable, contesta le 10 octobre 1504 les droits des seigneurs de la Chauvelière. Mais Aliette de Pontcallec avait des ressources. Par sentence du 7 mai 1505 l'official confirma le seigneur de la Chauvelière dans toutes ses prééminences . Le rôle d'Aliette de Pontcallec fut pérennisé dans l'église de Joué par un gisant. Ce monument en tuffeau fut enlevé du chœur de l'église le 31 mars 1778 à la requête du recteur Joseph Tiger "pour commodité du service Divin". Il fut longtemps conservé au château de la Chauvelière. Sources : Patrick Bellanger Drac, Stanislas Hardy, Jean Luc Tulot « une seigneurie au pays de la Mée ».(à suivre).
Parution Flash Mars 2023
La Château de la Chauvelière (2ème partie) : Le destin tragique de Claude ANGER de L'OHEAC
Par mariage, le château de la Chauvelière passe de la famille « De la Rivière à la famille Anger de Lohéac. Jean Anger épouse Jeanne de La Rivière en 1520, succèdent alors René Anger jusqu’en 1557 puis Claude Anger, né en 1545 à Joué.
Le contexte historique des guerres de religion : en 1588, le duc de Mercoeur, gouverneur de Bretagne prend la tête de la ligue (parti des ultra-catholiques ) face aux loyalistes du roi (Henri III puis Henri IV, parti de la tolérance). En 1589, les hostilités contre les partisans du roi commencent : Henri III est assassiné. Pendant 10 ans les places fortes changent de main au gré des sièges. Certains capitaines de Mercoeur sont de vrais forbans, les pillages, incendies sont légion, les campagnes sont mises à sac. En 1598 Mercoeur se soumet à Henri IV et l’édit de Nantes, tolérance de la religion protestante, est signé en avril 1598, premier acte de la liberté de conscience en France.
Claude Anger dans ce contexte : « Les relations de Claude Anger se partagent entre les partisans du roi et ceux de Mercoeur, ce qui explique sa fin malheureuse » ( JL Tulot). Parmi ses parrains on trouve pour les partisans de Mercoeur : Antoine d’Espinay gouverneur de Dol, René du Pé baron d’Orvault, seigneur du Plessis à Joué, pour le roi : Guy de Scépaux duc de Beaupréau, Louis Buet abbé de la Meilleraye, Catherine du Bellay, marraine de sa sœur qui est la sœur du célèbre poète… Sa carrière a aussi été favorisée par les partisans du roi, dont le duc de Montpensier. Il est gentilhomme de la chambre du roi et a reçu l’ordre de Saint Michel. Et donc en 1588, à 43 ans, il prend le parti du roi, il devient lieutenant d’une compagnie de 50 hommes. « Le château de la Chauvelière est alors livré aux excès de la soldatesque de la ligue » (JL Tulot) Dans ce contexte de guerre, il échappe à la prise de Chateaugiron par les troupes de Mercoeur.
La chute de Claude Anger : lors du siège malheureux de Craon, il divorce du chef des royaux le prince de Dombes, puis en 1592, suite au pillage de l’abbaye de Meilleraye, il perd une grande partie de sa fortune. Dans son malheur il se laisse entraîner par le marquis d’Assérac dans le projet de livrer Rennes et le prince de Dombes à Mercoeur en espérant obtenir le poste de gouverneur de Rennes, une place de maréchal dans l’armée de la ligue et une somme de 10000 écus. Malheureusement, la conspiration ayant été découverte, Claude Anger est arrêté le 3 février 1593 à Rennes, il est condamné à avoir la tête tranchée pour trahison. Après avoir été soumis à la question (banc de torture), l’exécution fut atroce, le bourreau dut lui asséner 3 coups d’épée, pour le décapiter.
Sources : les belles heures du comté nantais, Nantes et le pays nantais, Jean Luc Tulot .
Parution Flash Avril 2023
Conte humoristique Langueurois
Rogatien Mortier d’Abbaretz, dans son livre « Souvenirs et passions » relate de nombreuses anecdotes humoristiques, notamment les aventures du père Pierre . Pierre habite au village du Houx sur la rd 24 vers Issé. Ce village comptait 160 habitants dans les années 50, village ouvrier où l’on exploite de la pierre noire dans une carrière, et du minerai de fer à proximité. Un petit train fonctionnait encore au début du XIXème siècle pour emmener le minerai à la gare d’Issé. Le village avait, une épicerie, un café, un forgeron, un tonnelier, une petite scierie, et une école publique.
Pierre avait une bique. Un jour, jugeant qu’elle était trop vieille et qu’elle avait quelques crottes, il l’emmène à la foire de Notre Dame des Langueurs, bien décidé à la vendre et d’en acheter une autre plus jeune. Pierre y rencontre de bons lascars intéressés par l’animal, l’affaire est faite, la biquette est bien vendue au prix de 500 francs. Content de sa transaction, Pierre arrose sa réussite et après quelques chopines il se met dans la recherche d’une nouvelle biquette. Il retrouve à nouveau ses lascars qui lui proposent une jolie biquette bien propre, bien brossée. Il l’achète pour 1000 francs. Pierre rentre alors au village du Houx, il la conduit à l’écurie et tout content de dire : « ben ça, c’est une bonne biquette, ben on dirait qu’ell connaît ben sa ceurche » (sa crèche). Pierre n’avait pas reconnu sa vieille bique, les lascars l’avaient emmené chez eux pour lui faire un bon shampoing !
Souvenirs de Rogatien, avec son aimable autorisation ; Rogatien Mortier possède également un musée de matériel agricole (Agri-Rétro), dont de nombreux tracteurs de collection.
Parution dans le flash Janvier 2023
Renée et Roger JOLIVOT, Grands Voyageurs
L’école publique de la commune porte le nom de ce couple d’instituteurs. Ils y ont enseigné durant trente ans : Renée dans l’école des filles route des Touches et Roger, route de Trans, lieu de l’école actuelle.
Portrait de ces enseignants : André Jolivot découvre l’école en 1934, juste sorti de l’école normale. En 1939 il est mobilisé et part prisonnier en Allemagne au Stallag 11 A.. Il revient à Joué à la libération. et retrouve son école.
Comme l’écrit la vie laïque en 1946, défendre les valeurs de la laïcité à cette époque n’est pas chose facile : « des bâtiments en ruine, des parquets à moitié enlevés, une petite lampe électrique, une bonne odeur de moisissure ». Malgré ces conditions, Roger Jolivot persévère, passionné par son métier : il pratique la pédagogie Freinet, et organise des voyages scolaires. Il crée une cantine dans l’école. Son investissement personnel dans la commune est aussi remarquable : il crée le premier club de football en 35 36 l’ASJ. Certains se souviennent peut être encore de ce refrain : « l’ASJ n’est pas morte car elle chante encore, cinq avants qui dribblent, trois demis costauds, deux arrières terribles et un goal entre les poteaux ». Il se passionne aussi pour le cinéma et grâce à la cinémathèque de la FAL, il projette des films dans les communes de la région. Dans les années 50 il organisera aussi des concours de tirs. Mais le couple Jolivot est avant tout passionné par les voyages lointains. Roger découvre, étant jeune le Groenland avec Paul Emile Victor, le grand explorateur. Avec différents véhicules : une ami 6 break tractant une caravane ou leur fourgon Renault ils visitent la Russie, l’Afghanistan, l’Inde, le désert de Gobie… De leur passion des voyages, naîtra le Camping car club de l’Ouest dont Roger est le fondateur. Avec ces deux passions , voyages et cinéma, il nous reste quelques films sur la vie jovéenne entre 1946 et 1962 par exemple l’inauguration d’une motopompe en 1949 par le maire de l’époque Jean Belleil (le grand père de Jean Pierre Belleil). En 1962 Les Jolivot terminent leur carrière à Nantes mais habitent à la Demenure dans leur belle maison qui surplombe le lac de Vioreau. L’école publique fermera faute d’élèves en 1965.
Parution dans le flash Décembre 2022
Pierre RIALLAND - Résistant Jovéen tué au combat en août 1944.
Pierre Rialland est né le 25 août 1922. Ce jeune Jovéen était trop jeune pour porter l’uniforme en 1940, mais déjà bien assez âgé pour dire non à l’occupation de son pays par l’armée du Führer Adolf Hitler. Ses sentiments sont partagés par la famille, une famille qui va être solidaire de l’engagement de Pierre dans la Résistance. En 1943 il tente de passer par l’Espagne pour rejoindre l’armée que le général De Gaulle prépare depuis Londres, mais il est arrêté dans les Pyrénées puis emprisonné au fort du Hâ près de Bordeaux du 22 juillet au 5 octobre. Pendant son transfert vers l’Allemagne il parvient à s’échapper et à revenir à Joué-sur-Erdre, chez ses parents à la Fortinière-des-Landes.
Octobre 1943 : la ferme de Monsieur Martin, à la Maison Rouge (commune des Touches), est homologuée par un envoyé du Général de Gaulle et plus tard ce sera le secteur du maquis de Saffré qui sera aussi homologué. Ainsi les groupes de Résistants de l’AS (Armée secrète) de la région vont se développer afin d’être prêts au moment du débarquement, mais personne n’en connaît alors la date.
Pierre et son groupe seront parmi les premiers à partir de la Maison Rouge pour rejoindre la forêt de Saffré le 16 juin 1944. Leurs rôle est alors de préparer la réception de parachutages d’armes pour équiper les volontaires de l’armée secrète du nord du département. Ce parachutage aura bien lieu, le 29 juin dans la soirée, mais hélas les avions anglais sont arrivés trop tard : la veille les 300 maquisards de la forêt ont été vaincus par l’armée allemande. Pour les jeunes maquisards les pertes sont sévères mais Pierre parvient à sortir vivant de cette bataille et il va poursuivre le combat contre l’envahisseur. Malheureusement il est abattu le 4 août lors d’un accrochage avec l’ennemi sur la route Pannecé-Teillé. Terrible malchance pour ce jeune héros jovéen : le 6 août les Américains sont déjà à Châteaubriant et le 12 ils arrivent à Nantes par la route de Rennes..
Parution dans le flash de Novembre 2022
LUCINIERE - Patrimoine remarquable
Le château de Lucinière et ses dépendances représentent sans aucun doute le lieu le plus important du patrimoine communal.
Le château : à l’origine le premier château, probablement en bois, du début du moyen âge, se situait sur la motte d’Allon. Comme dans beaucoup d’endroits, le château fort en pierre est construit à proximité. A ce jour, nous n’avons pas d’éléments pour évoquer cette période. En 1581 pendant les guerres de religion, le château faillit être détruit, seules les fortifications furent rasées. Le château actuel est constitué de quatre parties : la partie comprise entre les deux tours de la façade Sud du XIVème et XVème siècles, reste de la place forte avec un style Renaissance, la partie Ouest du XVIIème siècle reconstruite en 1681, encadré de tours, possède un corps de logis central et un fronton regardant vers l'Erdre, la partie Est du XVIIIème siècle, construite après 1713, et la partie Nord du XIXème siècle et dépendances construites en 1862 . À la fin du XVIII ème siècle le château est pillé et incendié. Il ne reste de l'ancienne demeure que trois tourelles faisant partie de l'actuel château. Il est vendu comme bien national pendant la révolution. Le rez de chaussée sert alors d’étable. De retour d’exil, la famille rachète le domaine et lance la restauration.
La Chapelle : elle remonte d’après le style au XVIème siècle. elle aurait été érigée entre 1507 et 1520. Elle est située sur un promontoire qui devait isoler la chapelle de l’humidité constante qui entourait le pied du château, où l’on voit très bien les douves baignant les ailes sud du XVIIème et le corps du logis du XVIIIème siècle. Le clocheton posé sur un polygone irrégulier est coiffé d’ardoises “posées en plumes de pigeon”. Mais c’est également la charpente en plein cintre qui attire l’admiration.
Les écuries : Elles ont été construites sur le même modèle que celles de Chantilly. Au XIXème siècle, elles abritent un grand centre d’élevage et d’entraînement de chevaux.
L’allée de chênes : André Le Nôtre, jardinier du parc royal de Versailles, vint tracer les avenues à la fin du XVIIème siècle. En 1998, une partie des chênes morts de la grande Avenue furent abattus et à l’automne 1999, de jeunes chênes ont été replantés en disposition identique.
La croix de Lucinière : Une première croix a été érigée en 1817 pour le retour des 59 moines de l’abbaye de Melleray. Une seconde en granit fut élevée en 1878, sur la route de Nort, elle fut restaurée en 2016.
L’orangerie : le trianon date de l’époque de la partie centrale. La chapelle du château, l'orangerie, la salle à manger et son décor en boiserie font l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le 9 décembre 1985.
Parution dans le flash de Octobre 2022.
Georges BEDIER raconte....
Georges, actuellement âgé de 95 ans a 13 ans en juin 1940, il se souvient : « A la mi-juin 1940, nous avons vu arriver des troupes anglaises dans le village de Vioreau qui se sont stationnées en lisière de la forêt. Plus de 300 chevaux pâturaient dans les champs alentour. Ces soldats hindous (troupes coloniales) faisaient cuire leurs galettes sur des couvercles. Au cours de leur bref passage, deux grands sacs de café dans une tente ont été chapardés , durant la nuit ».
« Dans les jours suivants, ce sont des soldats français qui se sont cantonnés dans le même secteur. Ils étaient équipés de plusieurs véhicules (camions, chenillettes ( véhicule de combat chenillé légèrement armé et blindé). Ils ont largué leurs munitions de la digue dans le petit Vioreau. Puis ces soldats sont repartis en abandonnant les véhicules, et du matériel. Dans les jours suivants, les habitants du village en ont profité pour faire de la récupération : batteries, pièces diverses. Mais très vite les Allemands sont arrivés et ont positionné des soldats pour garder ce stock. Comme j’étais un jeune adolescent audacieux, avec un copain nous avons pu subtiliser un fusil mitrailleur que nous avons été essayer à la queue de l’étang. En juillet 1940, l’ensemble du matériel a été acheminé vers la gare d’Abbaretz, vers l’Allemagne.
Pendant les années de guerre, plusieurs sont allés à la pêche aux munitions largués dans l’étang. « Avec un copain, on lançait une araignée pour essayer d’accrocher des caisses d’obus. Avec les plus gros obus antichars, nous avons fabriqué un jeu de quilles » raconte Georges. Mais ces engins ne sont pas sans danger : le jeune Henri Gautier 12 ans y perdra la vie en tapant sur l’amorce d’un obus, tout comme Louis Cadorel . Actuellement si ces munitions ont été recupérées par les services de déminage, les responsables rappellent : « que tous ces engins ont été fabriqués pour tuer et que toute découverte fortuite doit être aussitôt déclarée à la mairie ou à la gendarmerie ».
Le contexte de la débâcle des armées alliées Le 10 mai 1940, c’est le début de l’offensive allemande à l’Ouest. Tout d’abord, les troupes françaises et britanniques sont encerclées dans le nord de la France. L’essentiel du corps expéditionnaire britannique est évacué vers l’Angleterre, au début du mois de juin 1940. Cela représente plus de 300 000 soldats, deux tiers de Britanniques et un tiers de Français. Vient ensuite l’offensive sur la Somme, qui provoque la défaite totale des Français. Paris est occupée le 16 juin. Cela va aboutir à la demande d’armistice de Pétain, le 17 juin 1940. Les troupes allemandes déferlent sur tout le nord de la France et s’approchent de l’Ouest. Saint-Nazaire est le principal port de réembarquement vers l’Angleterre, et connaît un afflux de militaires et de civils en fuite. La moindre embarcation flottante est réquisitionnée pour faire la liaison entre les quais et les navires stationnés au large. Le 17 juin, des bombardiers allemands coulent un ancien paquebot, le Lancastria, dans lequel se trouvent près de 6000 personnes, majoritairement des soldats britanniques en attente d’évacuation. Ce sera la plus grande catastrophe maritime anglaise.
Parution dans le flash de Septembre 2022.
AFFAIRE JUDICIAIRE A JOUE SUR ERDRE AU XVIII ème siècle
Sieur Jean Baptiste Galpin est maître en chirurgie en 1777, il exerce à Joué sur Erdre, mais il a un concurrent : un certain François Gagneux qui exerce la médecine et la chirurgie sans qualité, ni capacité reconnues. Il a d’ailleurs été jugé inapte en 1769, cette profession lui est donc interdite. Malgré des condamnations en 1771 et 1772, des instruments confisqués et des amendes, il s’évertue à pratiquer et à traiter des malades. Par conséquent, le sieur chirurgien, médecin et pharmacien Galpin, vient déposer plainte chez le procureur fiscal de Chateaubriant en janvier 1777.
Dans sa dénonciation, il cite de nombreux habitants de la paroisse victimes de Gagneux. « Une femme de la Cour Dubois de Riaillé a reçu une potion narcotique qui l’a fait dormir du sommeil éterneL ». « En 1773, la femme Priou du Montfriloux est morte également comme la femme Goguet, qui avait une fluxion de poitrine ». Furet, aubergiste à Petit Mars a reçu des pilules d’opium grosses comme des noisettes, il n’a pas supporté. Suivent toute une liste de défunts victimes de différents remèdes : Papion de la Fortinière, Pierre Richard de la Demenure victime de convultions terribles, défunt Jean Marchand, farinier à Vioreau. Les recteurs de Riaillé Boiscochin, Bédard, comme ceux de Mouzeil, Teillé, ou Trans, ainsi que Joseph Tiger, recteur de Joué ajoutent leurs témoignages…
Les débuts de l’instruction : le procureur de Chateaubriant envoya alors une requête au parlement de Rennes. Afin de vérifier les faits, le procureur Cotelle accompagné du jeune juge De Fermon dirigèrent l’instruction et décrètèrent une descente au bourg de Joué le 12 juin 1777. Ils sont accompagnés des sergents Bernard et Pierre Marie Prouteau et sont accueillis par le Sieur Boulanger à l’auberge des trois rois (ancien café Médard). C’est dans ce lieu qu’ils auditionneront les témoins.
Des témoignages contradictoires : Julien Malgogne, tailleur d’habits raconte « Gagneux a saigné la femme Batard de la Grande Maison et ses traitements lui ont fait du bien, tout comme la femme Hory qui avait mal aux dents». Joseph Thélot, marchand du bourg de Joué explique : « Augustin Lambert, son métayer à la Romeraye, après avoir bu le contenu d’une petite bouteille fournie par Gagneux mourut cinq jours plus tard ! ». Mais un autre témoin qui portait grande estime à l’accusé déclara : « les gens aiment mieux la médecine de Gagneux que celle de Galpin ! ». Mathurin Thélot, vicaire de Joué déclare : « après avoir donné les derniers sacrements à des malades, ceux-ci réclamaient de leur envoyer le sieur Gagneux et étrangement ils recouvraient la santé ! ». Noble maître Henri Mazureau de l’Auvinière, avocat et sénéchal du château de la Chauveliè re précise : « Gagneux juge les urines comme tout médecin, mon domestique, victime d’une chute de cheval s’est bien remis après ses traitements ».
Le même jour, le procureur Cotelle envoya Pierre Louis Durand huissier, accompagné de deux sergents, chez Gagneux. Celui-ci demeurait près de l’église. Marie Latour, la femme de Gagneux les reçut, leur indiquant que son mari était absent. L’huissier procéda alors à l’inventaire des biens afin de les saisir. L’habitation disposait d’un lit, une table carrée, une galettière, une armoire contenant des draps, des serviettes, des chemises, une grande glace, un buffet avec quelques pots de faïence, ainsi que quelques récipients. Pendant ce temps le juge De Fermon méditait ses conclusions : l’accusation du sieur Galpin semblait assez éloignée de la réalité, il fallait nuancer. Si Gagneux usurpe le titre de chirurgien, ce n’est pas pour autant un charlatan, les témoignages en sa faveur montrent que plusieurs personnes ont été guéries. Mais également le juge note que Gagneux est introuvable donc vraisemblablement en fuite… (à suivre)
(Sources : résumé du mémoire de Renan Naudin, avec son aimable autorisation).
Parution dans le flash de Juin 2022.
AFFAIRE JUDICIAIRE A JOUE SUR ERDRE AU XVIII ème siècle SUITE
Rappel des faits : Sieur Jean Baptiste Galpin est maître en chirurgie en 1777 et il exerce à Joué sur Erdre, mais il accuse un certain François Gagneux qui pratique la médecine et la chirurgie sans qualité, ni capacité reconnues provoquant de nombreux décès. Après enquête ,la justice constate que le dénommé Gagneux, bien que ne possédant pas les diplômes requis obtient souvent de bons résultats, mais suite à l’accusation, il est en fuite.
En juin 1777, le juge de Fermon et le procureur Cotelle après avoir fait inventorié les biens du sieur Gagneux retourne chez Marie Latour pour se saisir des drogues et remèdes utilisés par Gagneux : fleur de souffre, essence de térébenthine, sangsues, des onguents ainsi que 63 petites bouteilles contenant des produits indéfinissables. Gagneux possédait aussi des ouvrages de médecine : pharmacopée universelle, les remèdes charitables, vertu du baume etc.…L’huissier Durand fit procéder à l’enlèvement des meubles saisis qui furent stockés dans la cave de l’auberge des trois rois. Quant à Gagneux on lui ordonna : « à comparoir après quinzaine franche en l’auditoire de Chateaubriant ». Après cela, les magistrats auditionnèrent encore d’autres témoins à Joué, à Riaillé et à Petit Mars. A Chateaubriant, Julien Halnault docteur médecin et Sulpice Besnier de la Touche maître apothicaire furent alors chargés d’examiner les différentes drogues trouvées chez Gagneux : suc de réglisse, quinquina, pommade mercurielle… Ils conclurent : « tous les objets et drogues saisis, poudres et préparation sont propres à l’art de la pharmacie.
Une justice hésitante : Avec ces conclusions, l’appareil judiciaire hésitait. Les recherches pour trouver le fugitif étaient peu actives. Mais en mai 1778, sous la pression de notables, le prince de Condé, baron de Chateaubriant saisit la cour de Bretagne. Le dossier est envoyé aux juges de Nantes. Mais ce n’est qu’en avril 1779 que l’enquête reprend réellement. le juge Jean Baptiste Bourgoing et son greffier Pierre Manchard , le procureur Badureau, l’huissier de Gandriau se rendent au bourg de Joué pour y entendre à nouveau les 36 témoins de l’affaire. A nouveau les témoignages montrent des résultats positifs : Jacques Godard de la Braudière eut recours au sieur Gagneux qui le traita et il guérit parfaitement, tout comme Marie Judex de la Cour de la Haye qui se trouva très bien des remèdes prescrits. Le domestique du recteur de Joué Jacques Chapeau eut une saignée au bras et il fut également guéri, ainsi que Louise Lambert de la Demenure. Le juge comprit que Gagneux avait réussi à fidéliser bon nombre de patients, mais il constate également que certains témoins ont été soignés très récemment, ce qui signifie que François Gagneux vit toujours dans les parages et continue donc à exercer illégalement la médecine.
La sentence : Il fallut attendre le 5 décembre 1781 pour que le procureur du roi communique ses conclusions. La sentence tomba après une courte délibération : François Gagneux fut condamné au bannissement, avec confiscation de ses biens. En déplaçant géographiquement Gagneux, celui-ci perdait sa renommée et retournai dans l’oubli de l’histoire. Si les juges ont pu constater que son savoir et son succès valaient probablement ceux des chirurgiens de Joué et des alentours. La dénonciation permettait surtout de se débarrasser d’un personnage dont la concurrence était gênante voire dangereuse. (Sources: résumé du mémoire de Renan Naudin, avec son aimable autorisation).
Parution dans le flash Juillet-Août 2022.
LE RESERVOIR DE VIOREAU : SYSTEME HYDRAULIQUE COMPLEXE
L’histoire : Le Lac de Vioreau est avant tout un réservoir pour le canal de Nantes à Brest relié à celui-ci par un petit canal de 21,300Km « la rigole alimentaire ». Le barrage a été construit en 1834-1835. La rigole alimentaire est terminée en 1837, elle emploiera 100 terrassiers, 90 maçons, 150 manœuvriers, 36 carriers, 40 voitures pour sa construction. Sa pente est réglée à 0,14m par Km. Elle traverse quatre vallons en aqueducs dont celui du Gué de la Roche qui compte 10 arches. En 1856 et 1857 des sécheresses montrent l’insuffisance des ressources du bassin de Vioreau. On décide alors de relier Vioreau à la rivière Isac. Une nouvelle rigole est construite entre 1857 et 1873. En 1867, l’état achète également l’étang de la Provostière, propriété de la famille de Lorge. On construit alors la rigole des Ajaux, longue de 4,5 km, elle relie l’étang de la Provostière au Grand Réservoir de Vioreau.
Mais toujours faute d’approvisionnement suffisant en eau des étangs du petit Vioreau, de la Provostière et du réservoir de Vioreau ; en 1898, le Ministre des Travaux Publics aurait aimé acheter l’étang de la Poitevinière. Une convention est alors signée avec le propriétaire : « aux termes duquel il cède à l’Etat, à raison de 50 F par centimètre de hauteur, une couche d’eau à prendre dans son étang ». Cet ensemble représente alors un volume d’eau considérable : réservoir de Vioreau: 7.5 millions de m3, le petit Vioreau: 0. 5 million de m3, La Provostière : 1.2 million de m3, le réservoir de Bout-de Bois: 0. 2 million de m3, plus l’eau de la Poitevinière. (sources ARRA , S. Hardy)
La situation actuelle : Vioreau n’est plus relié à la Provostière, la rigole des Ajeaux est dans un état d’abandon. Le renouvellement de la masse d’eau est faible, ce qui nuit à sa qualité. Le 22 mars 2022, lors de la réunion publique organisée par le département concernant les travaux sur le barrage, des participants se sont exprimés : « Autrefois, l’eau circulait régulièrement dans la rigole alimentaire. On procédait chaque année à une vidange importante en ouvrant la vanne de fond, provoquant un effet chasse d’eau… Il faut que l’eau circule ! ». De même, la municipalité et la COMPA, afin d’améliorer la circulation piscicole, demandent régulièrement d’alimenter le Baillou (ruisseau en aval), afin d’éviter la mortalité piscicole. L’EDENN, collectivité territoriale chargée d’améliorer la qualité des eaux, la biodiversité, ainsi que les usages, écrit sur son site : « Les actions de reconquête de la qualité de l'eau ne doivent pas omettre l'aspect hydraulique du site et la vocation première de Vioreau, dédiée à l'alimentation du canal de Nantes à Brest. Il est nécessaire de tenir compte des besoins premiers du site, à savoir un remplissage en eau maximum pour le début de la saison d’exploitation».
Le lac vide pendant un an : à partir de l’automne prochain, le lac va être vidé pour réaliser les travaux sur le barrage. Une petite partie du lac sera curée. « Malgré ce curage partiel, pour retrouver une meilleure qualité des eaux du lac, il faudra retrouver après le remplissage, de bonnes méthodes de fonctionnement, en créant un marnage, c'est-à-dire baisser le niveau de l’eau en juin et laisser la végétation terrestre se développer en été et favoriser la biodiversité. » (Luc Brient chercheur universitaire, Ouest France du 21 mars 2022).
Parution dans le Flash Mai 2022.
PANDEMIES D'AUTREFOIS A JOUE SUR ERDRE
La peste noire, qui fit des millions de morts en Europe, apparaît dans la région nantaise en 1404. Plusieurs épisodes se succèdent au cours du siècle et des siècles suivants : 1487, 1501, 1522, 1532, 1545, 1563… A cette terrible maladie s’ajoute parfois aussi le typhus , la syphilis… En 1569 apparaît la peste d’Orient caractérisée par des bubons (inflammation et tuméfaction d'un ganglion lymphatique), elle revient régulièrement faire son lot de morts : 1582, 1595, 1597, 1602, 1612, 1631, 1636. Cette dernière épidémie durera jusqu’à 1641. L’hôpital de Nantes Notre Dame de Pitié fut jugé alors trop insalubre. Un nouvel hôpital, prairie de la Magdeleine, notre CHU actuel, fut alors construit.
Durant cette épidémie, un événement particulier eut lieu à Notre Dame des Langueurs. Pour contrer cette terrible maladie les remèdes de la médecine étaient bien dérisoires, il n’y avait que la prière qui pouvait sauver les malades. A Notre Dame des Langueurs existait un oratoire « Sainte-Marie-de-la-Lande », évoqué au XIIe siècle. On peut imaginer les deux sœurs Martin venir y prier pour que leurs proches soient épargnés. Elles firent le vœu à la vierge d’ériger une nouvelle chapelle sur ces lieux si elle écartait le fléau. Avec la disparition de la peste, les villageois tinrent la promesse.
Un pèlerinage se met alors en place le 15 août, dédié à la Compassion de la Sainte Vierge. La Révolution française respecta la chapelle et le pèlerinage continua. Au XIXe s, le pardon de la Compassion changea de caractère, une foire y étant associée à partir de 1811. En 1864, la chapelle est érigée en succursale de Joué et dut être agrandie. L'église Notre-Dame-des-Langueurs a été construite suite à la démolition de l'ancienne chapelle fin XIX ème siècle, celle-ci se trouvait sur la place du village, le Pâtis, à l’emplacement de l’actuel four à pain. Les pierres extraites lors de la démolition furent réutilisées pour les fondations de l'église actuelle. En 1953, le Pardon change de date. Il est fixé au dimanche qui suit le 15 septembre, fête de Notre-Dame des sept douleurs. Toutefois la peste a fait de nombreux morts dans notre commune (104 décès pour une population d’environ 1000 habitants). Entre Langueurs et la Mulonnière, la croix du désert rappelle ce triste événement, les victimes étaient alors enterrées loin des villages, de l’autre coté de la route, un bois serait l’ancien cimetière des pestiférés.
À JOUÉ : « LA PESTE ESTOIT PARTOUT » :
Un certain recteur Gaultier écrit : « l’église a été abandonnée et le service transféré à la chapelle St Donatien * à cause de la peste « qui estoit partout » dans le bourg et aux environs de l’église, et les pestiférés enterrés dedans. De ce fait, le 25 août 1637 : « en la chapelle St Donatien a été baptisée Marquise fille de Jullien Guyard et de Françoise Le Breton par moi recteur. Ont signé Denis Le Breton son parrain et sa marraine Marquise Guyard. Un certain Jacques Valluche écrit : « lundi 14 septembre 1637, il est fait défense aux habitants de fréquenter ceux des paroisses pestiférées »…les portes des églises sont fermées, il n’y aura pas de messe durant 4 mois. »* chapelle démolie qui se trouvait proche du croisement de la RD 178 et RD 33, édifiée par la famille Goyon au bord d'une fontaine miraculeuse. (Sources : ARRA, Annales de la Société royale académique de la Loire-Inférieure).
Parution dans le Flash Avril 2022
LA POPULATION JOVEENNE : Début du XIX ème siècle à aujourd'hui
Le recensement 2022 vient de se terminer et les services de l’INSEE procéderont dans les prochains mois à l’analyse démographique. On peut estimer que la population globale est d’environ 2700 habitants à ce jour. Le diagramme ci-dessus montre l’évolution au cours des deux siècles passés.Pendant le XIXème, la population croît rapidement entre 1800 jusqu’à 1820 et la commune conserve une population importante jusqu’à 1910 avec un maximum de 2900 habitants en 1890. Avec la première guerre mondiale, ses nombreux décès et les conséquences , la décroissance est importante et se poursuit pendant tout le XXème siècle causée probablement par l’exode rural et l’attrait des villes. Mais depuis le début du XXIème siècle, Joué, comme d’autres communes de la troisième couronne nantaise, retrouve de l’attractivité et entre 2000 et 2020, notre commune gagne plus de 700 habitants. En 2010 la commune bat des records de naissances (voir ci-dessous).
Parution dans le flash Mars 2022
Baby-boom à Joué-sur-Erdre, la commune détient le record national de la natalité en 2010, avec 53 naissances pour 2 200 habitants. Les bébés de 2010 et leurs mamans, réunis devant la mairie. Seulement six de ces familles sont originaires de la commune, les autres s’y sont installées récemment. (Paris Match - Octobre 2011)
JOUÉ A L' ÂGE DU BRONZE ET DU FER
Le nom de Joué dérive du nom commun: gaudium qui veut dire la joie, donc un lieu plaisant, où il fait bon vivre.
Nos ancêtres lointains le savaient bien, car notre commune était déjà peuplée à l’âge du Bronze à partir de 2200 av. J. C. puis vers 800 av. J. C. avec l’âge du fer, notamment avec l'exploitation de l'étain sur la mine d’ Abbaretz , qui sert à la fabrication du bronze, et qui remonte à la protohistoire. Elle est attestée jusqu'au IIIe siècle après J.-C. Les études des vues aériennes et satellitaires de notre territoire montrent un nombre particulièrement élevé de traces d’habitats pendant ces périodes. C’est une bonne quinzaine de sites qui jalonnent nos vallons et nos hauteurs.
On observe sur les photos aériennes des enclos de forme circulaire de 20 à 50 m de diamètre, dont la morphologie pourrait indiquer qu’il s’agit d’habitat groupé ou d’enclos funéraires. D’autres de forme ovoïde ou rectangulaire affichent des cotes plutôt conséquentes, des largeurs de 60 m et des longueurs de 110 à 150 m ; ces espaces entourés de fossés n’ont pas encore livré la nature de leur destination.
Récemment une étude de vue satellitaire nous a fait découvrir un complexe assez étonnant : des structures circulaires imbriquées et un grand enclos à double fossé, peut être la tombe d’une personnalité locale ? Ce système d’enclos d’époque indéterminée, évoque clairement une nécropole. Proche du bourg actuel un site a été identifié comme une ferme ‟ indigène ” de l’âge du fer, mais plutôt s’agit-il de l’habitat d’une collectivité ? En effet, à une surface circulaire d’un hectare et demi entourée de systèmes fossoyés complexes s’ajoute de nombreux autre enclos quadrangulaires. La surface globale de l’implantation des différents vestiges est d’environ cinq hectares. Près du vieux bourg de Joué, un autre site présente une surface de deux hectares et demi. Peut-être que l’origine de notre petite cité se trouve en ce lieu peuplé de quelques familles gauloise, venues s’installer sur les bords de l’Erdre, il y a plusieurs milliers d’années ? (Texte écrit avec la participation de Philippe Taurisson, historien local)
Parution dans le flash de Décembre 2020
LA VOIE ROMAINE A JOUÉ
A partir de la conquête de la Gaule, notre territoire conserve des traces de la période allant du 1er siècle av JC au Vème siècle appelée l’époque gallo-romaine. Même s’il existait déjà des chemins au temps des gaulois, les légions romaines étaient constituées de guerriers, mais qui étaient surtout des bâtisseurs. Avec le dolabre (ou doloire), qui est sans doute l'outil le plus célèbre du légionnaire romain : hache d’un côté et pioche de l’autre, il sert à l'édification des retranchements, des ponts et surtout des voies romaines.
Construites avec les matériaux trouvés sur place, la principale qualité de ces voies est leur drainage : en alternant des couches de sable, terre et de gravier, elles forment des chaussées bombées, bordées de fossés, parfois mais pas toujours, un dallage est ajouté en surface. Ces constructions permettent bien sûr le passage des troupes pour créer la « pax romana » , mais au-delà de la pacification, ces voies permettent d’acheminer le courrier et surtout les marchandises (agricoles, métaux…) destinées à enrichir l’Empire.
Une voie importante traverse le territoire de Joué, aujourd’hui on dirait une autoroute, elle part d’Angers vers Blain et se poursuit ensuite vers Vannes.
Un archéologue du 19ème siècle, Louis Bizeul, raconte : « Lors de ma visite à l’abbaye de Melleraye, le Père abbé me conduisit à l’étang du Pas Chevreuil en cours d’assèchement. Je vis un énorme sillon de rocaille dans toute la largeur de l’étang. Cette portion de la voie romaine était élevée de 2 m sur le fond du ruisseau . Elle a été submergée pendant des siècles par les eaux de l’étang. » La voie est encore visible pour un regard averti, dans la forêt, près de la Haye Porcher. Elle passerait ensuite à la Bolinière puis au village de Vioreau. Ensuite on la retrouve au nord de Notre Dame des Langueurs. Lors de l’inventaire archéologique de la commune réalisé par Patrick Bellanger, en 1997, Jean Brosseau de la Haie de Thély déclarait : « Lors du remembrement, j’ai trouvé de nombreux moellons. » Cette voie aurait perdurée jusqu’au Moyen Age puisqu’elle portait l’ancien nom de « la route de la duchesse de Rohan ».La toponymie des parcelles le long de la voie livre également des indications : « les roches plates, le tas de roches, la chaussée… ».Enfin la route passe au nord de la forêt de Saffré, puis près du village d’Augrain, via Blain.
Parution dans le flash de Février 2021
DES VESTIGES GALLO-ROMAINS AUTOUR DE JOUE SUR ERDRE
Si la recherche archéologique n’a pas encore trouvé de vestiges antiques d’importance sur notre commune, plusieurs communes voisines possèdent des sites remarquables, qui attestent d’une vie active dans la région à cette époque.
A Petit Mars, (on devrait dire à Mars, l’adjectif petit a été ajouté seulement au XVI ème siècle) ; au XIX ème siècle, des vestiges d’un théâtre et des arènes ont été découverts, ils sont situés à proximité du vieux bourg dans les marais, mais à l'origine, les lieux étaient recouverts par la forêt de Mars, où les Romains auraient établi un camp Nord pour surveiller la cité des Namnètes. Dans ce lieu, et dans une perspective d’intégration des Gaulois à la civilisation romaine, les Romains organisaient des mises en scènes théâtrales et des jeux équestres qui servaient à honorer le dieu Mars ; la nature du terrain était aussi propice aux courses de chevaux. De plus, dans les sanctuaires de la Gaule, on constate une fusion entre les divinités celtiques et romaines, Mars devient ainsi Mars Mullo ou Teutatès Mars dans plusieurs sites de l’Ouest de la France.
A Nort sur Erdre, sur le site de la Motte-Saint-Georges, lors de la création d’un lotissement, en 2005, le site archéologique révèle la présence d’une villa gallo-romaine. Patrick Bellanger, archéologue, un des responsables de l’opération explique : « Ce vaste ensemble disposé en bordure de plateau s’étend sur une superficie pouvant être estimée à environ 6 400 m2. Malgré un arasement généralisé dû aux récupérations et épierrements à des fins de mise en culture, l’emplacement des murs demeure visible par la présence de leur semelle de fondation, leur arase maçonnée ou leur tranchée de récupération. Organisée selon un plan carré de quelques 80 m de côté, plusieurs pièces de bâtiments semblent s’articuler autour d’une cour ou d’un espace central. Dans l’angle sud-ouest, un groupe de petites pièces au sol de béton de chaux conservé, évoque de possibles thermes privés ouverts sur l’extérieur. » La villa construite, dans la deuxième moitié du 1er siècle avant Jésus Christ, sera occupée jusqu'au IIIe siècle. Puis le site sera peu à peu abandonné en raison de l’insécurité des siècles suivants.
A Pannecé, un dépôt monétaire important a été découvert en 2002, il était contenu, dans deux pots en céramiques . Estimé à plus de 40 000 monnaies, principalement régionales du IIIe s. apr. J.-C. Ce trésor de Pannecé se rattache au contexte de la crise politique, militaire et économique de la fin de ce siècle. II fait partie de ces enfouissements hâtifs réalisés dans un contexte d’insécurité, soit en raison de révoltes locales, soit sous la peur des premières incursions barbares en Gaule, ou de « pirates » saxons ou germaniques le long des côtes et des voies navigables armoricaines en particulier, soit pour de toutes autres raisons militaires, économiques ou fiscales.
« l’exposition Loire-Atlantique, terre de trésors sera bientôt ré-ouverte au château de Châteaubriant » en 2021.a date
Parution dans la flash de Mars 2021.
LA BATAILLE DE JOUÉ, JUIN 1487
(La déroute des armées du duc de Bretagne contre celles du roi de France).
En cette année 1487 la France avait un roi âgé de dix-sept ans : Charles VIII, fils du roi Louis XI, mort en 1483 après un long règne de vingt-deux ans. Pendant ce quart de siècle Louis XI, dit le Roy Araignée, avait lutté sans relâche contre les grands ducs qui voulaient préserver leurs prérogatives. Installé en son château de Nantes, François II de Bretagne était l'un d’eux, mais en 1487 c'était un grand seigneur, mais aussi un homme vieilli. Peu à peu Louis XI avait tissé sa toile, et à sa mort le duc de Bretagne était son dernier ennemi encore en vie.
La guerre franco- bretonne : le jeune roi Charles VIII avait hérité des ambitions de son père, et de plus, élevé dans le roman des heures glorieuses de ses ancêtres Philippe Auguste ou Saint-Louis, il rêvait de se tailler un immense empire vers la Méditerranée, l'Italie d'abord, puis, pourquoi pas, la Terre Sainte. Mais en cette année 1487 il n'en était pas encore là, et c'était un homme peu expérimenté qui se tenait sur les marches de la Bretagne, en l'occurrence Ancenis, avec ses hommes, en ce mois de juin. Pour le vieux duc de Bretagne, François II la menace était grande et les bandes d'hommes armés, Bretons, Français et autres mercenaires, mettaient le pays en coupe réglée.
La bataille de Joué : en juin 1487(La déroute des armées du duc de Bretagne contre celles du roi de France).
En cette année 1487 la France avait un roi âgé de dix-sept ans : Charles VIII, fils du roi Louis XI, mort en 1483 après un long règne de vingt-deux ans. Pendant ce quart de siècle Louis XI, dit le Roy Araignée, avait lutté sans relâche contre les grands ducs qui voulaient préserver leurs prérogatives. Installé en son château de Nantes, François II de Bretagne était l'un d’eux, mais en 1487 c'était un grand seigneur, mais aussi un homme vieilli. Peu à peu Louis XI avait tissé sa toile, et à sa mort le duc de Bretagne était son dernier ennemi encore en vie.
La guerre franco- bretonne : le jeune roi Charles VIII avait hérité des ambitions de son père, et de plus, élevé dans le roman des heures glorieuses de ses ancêtres Philippe Auguste ou Saint-Louis, il rêvait de se tailler un immense empire vers la Méditerranée, l'Italie d'abord, puis, pourquoi pas, la Terre Sainte. Mais en cette année 1487 il n'en était pas encore là, et c'était un homme peu expérimenté qui se tenait sur les marches de la Bretagne, en l'occurrence Ancenis, avec ses hommes, en ce mois de juin. Pour le vieux duc de Bretagne, François II la menace était grande et les bandes d'hommes armés, Bretons, Français et autres mercenaires, mettaient le pays en coupe réglée.
La bataille de Joué : en juin 1487 l'un des grands chefs de guerre du duc, Amaury de la Moussaye, voulut venir à Nantes pour protéger le duc François alors que le bruit courrait que les hommes du jeune roi, menés par Adrian de l'Ospital, Breton passé au service de la France, s'approchaient de Nantes. Et l'affrontement eut lieu à Joué : avec environ 3000 hommes à cheval, de la Moussaye quitta Dinan, passa par Châteaubriant, et « quant ilz furent à Joué, qui est entre Chasteaubriend et Nantes, furent rencontrez par Adrian de l'Ospital qui avoit une très bonne bende de gens d'armes françoys, lesquelz assaillirent de la Moussaye et ses gens de telle sorte qu'il les defist : les ungs furent occis sur le champ ; les autres, jucques à cinq ou six cens chevaulx archers, se saulvèrent à la fuite ... ». Ces tristes heures ont été contées dans un livre paru en 1514 « Grandes Chroniques de Bretagne » œuvre d'Alain Bouchart … à la demande de la reine de France, Anne de Bretagne qui demanda à ce juriste et fin lettré, d'écrire l'histoire de son duché de Bretagne (en français de l'époque). Et c'est donc là que l'on trouve ce paragraphe qui concerne Joué : « Comment les gens d'armes que Amaury de la Moussaye conduisoit de Dinan à Nantes furent deffaiz pres de Joue par Adrian de l'Ospital ». Un grand moment de l'histoire bretonne, un beau moment de l'histoire jovéenne.
La Bretagne fut vaincue en 1488 lors de la bataille de Saint-Aubin du Cormier. Après la défaite du duc de Bretagne, François II dut signer un traité qui l'obligeait à laisser l'avenir de ses filles sous le contrôle du vainqueur ; il en mourut peu après. Anne fut donc contrainte d'épouser son ennemi Charles VIII, puis, jeune veuve en 1498, elle dut épouser le roi Louis XII, cousin et successeur de Charles. Le 13 août 1532, l'édit d'Union, scelle l'annexion du duché de Bretagne au royaume de France. Cette bataille de Joué est certes une page glorieuse de notre commune (alors paroisse), mais des événements dont les habitants des villages, et des campagnes en général, étaient bien souvent les innocentes victimes.
Parution dans le flash de Janvier 2022. l'un des grands chefs de guerre du duc, Amaury de la Moussaye, voulut venir à Nantes pour protéger le duc François alors que le bruit courrait que les hommes du jeune roi, menés par Adrian de l'Ospital, Breton passé au service de la France, s'approchaient de Nantes. Et l'affrontement eut lieu à Joué : avec environ 3000 hommes à cheval, de la Moussaye quitta Dinan, passa par Châteaubriant, et « quant ilz furent à Joué, qui est entre Chasteaubriend et Nantes, furent rencontrez par Adrian de l'Ospital qui avoit une très bonne bende de gens d'armes françoys, lesquelz assaillirent de la Moussaye et ses gens de telle sorte qu'il les defist : les ungs furent occis sur le champ ; les autres, jucques à cinq ou six cens chevaulx archers, se saulvèrent à la fuite ... ». Ces tristes heures ont été contées dans un livre paru en 1514 « Grandes Chroniques de Bretagne » œuvre d'Alain Bouchart … à la demande de la reine de France, Anne de Bretagne qui demanda à ce juriste et fin lettré, d'écrire l'histoire de son duché de Bretagne (en français de l'époque). Et c'est donc là que l'on trouve ce paragraphe qui concerne Joué : « Comment les gens d'armes que Amaury de la Moussaye conduisoit de Dinan à Nantes furent deffaiz pres de Joue par Adrian de l'Ospital ». Un grand moment de l'histoire bretonne, un beau moment de l'histoire jovéenne.
La Bretagne fut vaincue en 1488 lors de la bataille de Saint-Aubin du Cormier. Après la défaite du duc de Bretagne, François II dut signer un traité qui l'obligeait à laisser l'avenir de ses filles sous le contrôle du vainqueur ; il en mourut peu après. Anne fut donc contrainte d'épouser son ennemi Charles VIII, puis, jeune veuve en 1498, elle dut épouser le roi Louis XII, cousin et successeur de Charles. Le 13 août 1532, l'édit d'Union, scelle l'annexion du duché de Bretagne au royaume de France. Cette bataille de Joué est certes une page glorieuse de notre commune (alors paroisse), mais des événements dont les habitants des villages, et des campagnes en général, étaient bien souvent les innocentes victimes.
Parution dans le flash de Janvier 2022.
LA MOTTE CASTRALE D'ALLON
Qu’est qu’une motte castrale ? La motte féodale ou castrale apparaît dès la seconde moitié du Xe siècle dans un climat d’insécurité et de rivalités permanentes, engendré par le morcellement du pouvoir. Simples et rapides à construire, elles permettent de répondre aux enjeux militaires des IXe et Xe siècles : contrer les raids de pillage menés par des troupes peu nombreuses et très mobiles. Elle est constituée d’une tour de bois carrée ou rectangulaire qui prend appui sur un monticule de terre artificiel. En contrebas est aménagée une cour entourée d’une palissade et d’un fossé. Elle abrite les logements des domestiques et des hommes d’armes, les écuries, la forge, les fours et les granges. Une rampe de bois sur piliers permet d’accéder à la tour car elle est séparée de la basse-cour par un fossé et deux autres palissades (au pied de la motte et autour du donjon). Cette tour sert le plus souvent de résidence au seigneur et à sa famille, et de réserve de nourriture. La localisation en zone humide (marais) ou sur des escarpements rocheux constitue de réelles entraves à la progression d’assaillants.
La motte d’Allon : taillée dans le flanc d’un coteau qui domine l’Erdre, la butte est dans un parfait état de conservation, hormis la tour en bois qui a bien sûr disparue. Elle se situe sur un éperon rocheux qui surplombe la rivière. Mesurant une soixantaine de mètres de diamètre, elle est entourée par un fossé circulaire de 5 m de large et 2 m de profondeur. Elle commande aussi un passage de l’Erdre nommé Le Gué du Château. Des photos aériennes montrent qu’elle était entourée de deux cours successives délimitées par des fossés.
Le rôle des mottes castrales : En l'an mil la motte fait partie du paysage de l'Occident chrétien. Une motte est rarement seule : on trouve des réseaux de mottes, par exemple sur la rive d'un ruisseau, pour donner l'alerte, de motte en motte transmettre des signaux sonores ou lumineux, le long de cette voie de pénétration naturelle qui risquait d'être utilisée par des envahisseurs. Plus de 600 ont été recensées dans le Maine-et-Loire et 225 pour la seule seigneurie médiévale de Châteaubriant (selon Michel Brand’honneur). A Joué existait une seconde motte au lieu dit « La Butte » prés du moulin de la Chauvelière. A Trans un village se nomme également La Motte au bord de l’Erdre. Peu à peu la motte castrale sert toujours à la défense mais également à montrer la puissance et l'autorité des seigneurs locaux qui la possèdent mais de ces premiers seigneurs nous ne savons rien. A partir du XIIe siècle les mottes castrales sont remplacées par des châteaux forts en pierre situés à proximité en général.
Parution dans le flash de Mai 2021.
LA LEGENDE DE LA DAME DE VIOREAU : DE L'HISTOIRE A LA LEGENDE
Tout commence à la cour de la duchesse-reine Anne de Bretagne : Françoise de Foix est à son service tout comme le page Jean de Laval. Françoise est âgée de 11 ans et Jean de 19 ans, ils s’éprennent l’un de l’autre, et ils se marient officiellement en 1509. Le couple s’installe sur les terres de Jean de Laval, qui est baron de Chateaubriant et aussi baron de Vioreau et d’autres lieux encore. Mais en 1515, le nouveau roi François 1er attire les grands seigneurs à sa cour. Le roi est alors séduit par la belle Françoise qui devient sa maîtresse. Pour écarter Jean de Laval, François 1er lui confie un haut commandement militaire. Pendant dix ans, Françoise restera la favorite du roi : elle est de toutes les fêtes. Mais en 1527, le roi s’éprend d’Anne de Pisseleu, qui est aussi blonde que Françoise est brune. Cette dernière n’a d’autre recours que de s’en retourner à Châteaubriant, près de son légitime époux.
En 1532, les anciens amants se revoient une dernière fois, lors d’un séjour du roi en Bretagne. Cinq ans plus tard, le 16 octobre 1537, Françoise de Foix meurt subitement, âgée de 45 ans. Très vite, les rumeurs annoncent que Françoise de Foix aurait été assassinée par un mari violent, dévoré par la jalousie.
Au cours des siècles cette histoire devient légende que les anciens racontaient pendant les longues veillées d’hiver, et on attribue alors à la Dame de Chateaubriant qui est aussi Dame de Vioreau de nouvelles liaisons.
Mais laissons Rosalie Lopez conter cette belle légende de la Dame de Vioreau.
Parution flash de Février 2022.
LA LEGENDE DE LA DAME DE VIOREAU : PAR ROSALIE LOPEZ (1998)
Parution dans le flash de Février 2022.
HISTOIRE ATYPIQUE AU CHATEAU DE VIOREAU
Marie France Marchand est la propriétaire de l’ancienne chapelle du château de Vioreau et également des terrains alentours, où était édifié le vieux château, sur les bords de l’étang du même nom.
Après une carrière professionnelle de 32 ans à Paris, elle revient s’installer dans l’ancienne chapelle au début des années 2000, avec son conjoint Philippe Taurisson.
Ensemble ils rénovent cette ancienne chapelle. Ils enlèvent le vieux crépi de chaux des murs et surprise, ils trouvent la belle porte d’entrée romane de la chapelle, une autre porte romane, des poutres sculptées et le lavabo liturgique du XVème siècle. Ce lavabo servait lors des célébrations pour que l’officiant se lave les mains avant le rite de la communion.
Ils commencent aussi à nettoyer les extérieurs de l’habitation entourée de broussailles. Et surprise encore, cachés sous les ronces ils retrouvent des pans de murs du château et en installant les réseaux eau et électricité et la station d’épuration, ils mettent à jour une partie des douves. Depuis pris de passion par cet édifice, ils consolident les murs et font des recherches historiques sur cet ancien château. Une autre histoire atypique qui méritera d’être contée dans un prochain flash info.
Parution dans le flash de Juin 2021.
LE CHÂTEAU DE VIOREAU OU LE CASTEL DE VIOREL
Etymologie et origine de Vioreau, Viorel : Vioreau était déjà fréquenté il y 20 000 ans! Des chasseurs, du paléolithique, ont perdu un superbe grattoir et bien plus tard, il y a 9000 ans, leurs descendants, du néolithique, ont égaré des haches polies et un grattoir. Puis les Gaulois s’établirent sur le site. Des monnaies des tribus des Namnètes et des Pictons y ont été retrouvées . A l’époque romaine, une voie importante est construite entre Angers & Blain. Celle-ci croise, à quelques centaines de mètres de Vioreau la route gallo-romaine Nantes-Laval. Les habitants et voyageurs des époques mérovingiennes, puis carolingiennes continueront d’utiliser ces routes. Un carrefour demeurant un lieu stratégique, des structures de contrôle furent vraisemblablement érigées en ce lieu. Ces fameuses viae regalii (les voies régaliennes, principales) latines se sont transformées en via réal romanes pour évoluer en Viorel de l’ancien français et se terminer par le Vioreau de la Renaissance à nos jours.
A partir de l’an mil, les barons d’Ancenis possèdent une châtellenie à Vioreau, qui passera dans le giron des barons de Châteaubriant par mariage vers 1150. Sur les bâtiments initiaux sera reconstruit, autour de l'an 1200/1250, un château conséquent, (environ un hectare d’emprise) que les aléas de l’histoire (guerre de succession au milieu du 14e siècle, guerre franco-bretonne de la fin du 15e siècle et les guerres de religion de la fin du 16e siècle) soumirent à rude épreuve puisqu’il fut partiellement ruiné, la troisième fois définitivement. Les vestiges servirent de carrière et les murs restants furent arasés vers 1620/1650. Seule la chapelle castrale fut relativement épargnée. Elle devint dès le 17e siècle le logis du meunier. Vioreau fut une seigneurie suffisamment importante pour devoir en 1294, à l’Ost (l’armée) des ducs de Bretagne, un chevalier. Les vingt paroisses, sur lesquelles la seigneurie avait des droits à cette époque, justifiaient cette participation qui nécessitait des revenus particulièrement conséquents. Par la suite la seigneurie-châtellenie fut érigée en baronnie et devint la plus grande châtellenie laïque du comté nantais et la subdivision judiciaire la plus étendue de la sénéchaussée de Nantes (90 paroisses sous sa dépendance). Jusqu’en 1554 Vioreau sera le siège d’une seigneurie de haute, moyenne et basse justice.
Plusieurs rois de France, invités par les barons de Châteaubriant viennent à Vioreau : François Ier (1518, 1525 puis 1532), Henri II (1551) et Charles IX (1565). Ils apprécient les chasses dans ses forêts qui s’achevaient, disent de vieux textes, en longues beuveries, ripailleries et danses. Il y a de fortes présomptions pour que ce soit ici, en août 1518, que François 1er fit le siège de Françoise de Foix*, baronne de Châteaubriant et dame de Vioreau, afin qu’elle cède à ses avances, regagne Paris avec lui et devienne la mye du roi pendant 10 ans.
Le château possédait un moulin à eau qui fonctionna du Moyen Âge au 19ᵉ siècle. Vers 1845 ses pierres servirent à élargir la chaussée et à stabiliser la route. Un four banal fut également construit à l’intérieur de l’enceinte du château, celui-ci, toujours existant, possède une surface de chauffe de plus de 6m². Les vestiges des murs du château de Vioreau restent chargés d’histoires et de légendes nées du plus profond des brumes du temps.
Parution dans le flash de Décembre 2021.
NEUF GENERATIONS DE MEUNIERS
Depuis 9 générations, la famille de Marie-France habite la même maison originale qui n’est autre que la chapelle castrale de l’ancien château de Vioreau.
« Un de mes ancêtres, François Marchand, né à Nort-sur-Erdre dans une famille ayant déjà des fonctions dans la meunerie, épouse en 1762 Anne Bouesseau la fille du meunier du moulin de Mouzinière, dépendant de la Chauvelière, cette famille est elle aussi depuis plusieurs générations dans la meunerie. Deux ans après, veuf, il épouse Julienne Barbin, la fille du meunier du bourg de Joué, dépendant des barons de Châteaubriant.
En 1770 avec sa femme ils prennent la gestion-fermage du moulin* à eau de l’ancien château de Vioreau (le logis du meunier est déjà l’ancienne chapelle). De père en fils la saga des meuniers continue. À l’époque les baux sont signés tous les neuf ans avec les princes de Condé. Après la révolution mes ancêtres achètent le moulin, le logis et une vingtaine d’hectares de terres attenantes.»
En 1834, à la mise en eau du grand réservoir de Vioreau qui doit alimenter le canal de Nantes à Brest, le moulin est rasé et disparaît totalement, les pierres auraient servi à renforcer la chaussée et le chemin du ‟ Petit Vioreau ”. Mon ancêtre Jacques Marchand devient alors agriculteur. Mais l’histoire de leur demeure continue.
Mon grand-père, mort en 1965, racontait à ses petits-enfants que, dans cette maison il existait encore la porte, les poutres et les fresques de la chapelle. La chapelle ainsi que le château de Vioreau ont été de tout temps (depuis 1170 au moins ) la propriété en propre des Barons de Châteaubriant, qui y ont reçu plusieurs rois de France.
*31 mars 1609 décès de René Brossier, moulinier demeurant au moulin de Vioreau, étouffé dans la chute de la meule du moulin (Registres paroissiaux de la commune)
Parution dans le flash de Juin 2021
LE MOULIN DE BEL AIR
Ses origines remontent au XVIIè-XVIIIè siècle. En premier il était de la mi-hauteur de celle que nous voyons aujourd'hui. On peut observer, à l'extérieur, la différence des pierres ; à l'intérieur, l'escalier d'ardoises originel, l'escalier de bois supérieur et la différence d'épaisseur du mur. Au fil des années, il s’agrandit avec la minoterie, la salle des machines et le magasin. C’est en 1850 que la tour de trois étages fut construite. Une grande perche, la queue du moulin permettait de faire pivoter le toit autour du rail de bois posé sur le mur du troisième étage. On la fixait à l’aide des anneaux répartis sur le périmètre de la tour pour maintenir les ailes dans l’orientation du vent. Pour s’affranchir de l’irrégularité de l’énergie éolienne, une machine à vapeur assure la relève en 1910. Le développement de la production et l’évolution des techniques conduisent à la construction de la minoterie en 1922. En 1935 on construit le magasin pour stocker le grain et la farine. Les pierres utilisées proviennent de la carrière voisine. En 1923, un moteur diesel remplace la machine à vapeur. Les ailes qui n’étaient plus utilisées sont détruites par un orage en 1927. Un moteur électrique est substitué au moteur à mazout en 1943. En 1966, toute l’exploitation est abandonnée. Paul Guihard entreprend en 1972 la restauration ; le Moulin de Bel Air retrouve ses ailes en 1990. Le moulin devient « Gîte de France » en 1978, puis depuis 2002, il est transformé en « Chambres d’Hôtes ».
Le Moulin de Bel Air était réputé pour la qualité de sa farine de blé noir, base de la fabrication des galettes bretonnes.
Parution dans le flash de Novembre 2020
LE MOULIN DE BELLEVUE
Nous avons évoqué le moulin de Bel Air bien restauré, aménagé en chambre d’hôtes. Un autre moulin mérite le détour : en partant du bourg de Joué par la D24 direction Notre Dame des Langueurs, vous arriverez au village « Les moulins de Bellevue ». A la sortie du village, à droite près du chemin de remembrement, caché par les arbres, vous découvrirez un des trois moulins encore intact, hormis sa toiture. Le mécanisme existe encore à l’intérieur et le propriétaire actuel précise : « Le dernier meunier M. Batard a du démonter les ailes dans les années 1950 afin de ne plus payer l’impôt sur les moulins ». Les trois moulins appartenaient à la famille Moison. Dans les années 1930, ils fournissaient la farine de blé noir aux habitants du secteur. A proximité existe encore la base d’un second moulin partiellement arasé.
Autre moulin à vent disparu :
Au conseil municipal du 14 novembre 1875, il est question du moulin de Mouzinière, et de son meunier Julien Lefeuvre. Ce moulin, maintenant disparu appartenait au château de la Chauvelière. Les pierres du moulin auraient servies à la construction de maisons à la Gicquelière.
LES MOULINS A EAU
En dehors des quelques moulins à vent évoqués dans les flashs précédents, la commune a possédé plusieurs moulins à eau. Le premier se situait dans le bourg au bord de l’Erdre, il était sans doute le plus ancien et sa construction plusieurs fois remaniée remonte au début du moyen âge, voire avant . Un grand bâtiment , rue du lavoir, actuellement destiné au logement collectif, était encore au XIX ème siècle la « minoterie hydraulique » avant de devenir à partir de 1911 jusqu’en 1986, l’immeuble de la mairie. A proximité, un moulin à papier a également fonctionné, son existence est attesté par un document de 1307. Ces deux moulins, comme celui disparu au petit Vioreau, faisaient partie des biens du château de Vioreau . Pour ce dernier, Le moulin se situait sur la chaussée qui sépare actuellement le petit et le grand Vioreau. A la construction du barrage et la création du lac, il a été démoli en 1838 et ses pierres ont servi à renforcer la digue. Un autre moulin, celui du château de la Chauvelière est toujours bien visible (carte de 1920 ci-dessous). Il fut exploité par Jean Visset à partir de 1913 puis par son fils Albert de 1949 à 1974. Il possède encore un très joli pont qui traverse l’Erdre. Ce passage fut autrefois la route royale. Un autre moulin a existé sur le ruisseau du pas Chevreuil, à proximité de l’étang qui fut asséché au XIX ème siècle par les moines de l’abbaye de Meilleraie. Enfin, signalons près du Jarrier, le lieu-dit « les moulins » sur les bords de l’Erdre, où pour l’instant, nous n’avons pas d’information.
Texte écrit avec la collaboration de Marie France Marchand, Philippe Taurisson, Stanislas Hardy, Marie et Lionel Visset.
Parution dans le flash de Janvier 2021.
AMÉNAGEMENT DE LA RUE DE L'ERDRE RD24/RD33 : LA CROIX HOGREL
Située à l’embranchement de la route de Saffré et d’Abbaretz, à la sortie du bourg, la Croix de St Léger est appelée aussi Croix Hogrel. C’est le 2 octobre 1892, fête de St Léger, patron de la paroisse, qu’eut lieu la bénédiction de cette croix. « Mademoiselle Philomène Hogrel et M. Louis Colas, son beau-frère, dit le registre de paroisse, la firent ériger sur leur terrain…». Au sortir de la Révolution, une pierre de Nozay, se trouvait à cet endroit. Le piédestal était tombé en ruine et la croix était restée couchée dans la haie. Cette croix appelée la Croix du Païs fut transportée et érigée, près du petit canal, avant d’arriver à la Freulière. Il y a quelques années (vers 1995), penchant de plus en plus vers la route, elle fut déposée au village voisin en attendant un meilleur emplacement. 42 ans après, les frères Hogrel firent construire un nouveau piédestal et remplacèrent la croix de bois tombée à la suite d’une tempête. Les rocailles, qui forment le piédestal, viennent, pour la plus grande partie, de St Mars la Jaille. Ainsi, le dimanche 7 octobre 1934, par un temps superbe, la procession, après les Vêpres, prenait le chemin du Bas-bourg. Une superbe croix de granit remplaçait l’ancienne. « Le Christ, conservé comme par miracle, fut porté par trois équipes de dix jeunes gens pendant la procession, sur un immense brancard garni de velours rouge frangé d’or et de soie. C’est au milieu d’un silence impressionnant que l’on vit le Christ de 1,75m monter doucement et prendre place sur la croix », relate l’Echo paroissial… (Sources : Stanislas Hardy)
Parution dans le flash de Juillet et Août 2021.
LA METALLURGIE A JOUÉ-SUR-ERDRE
Le minerai de fer : Dans notre région, le minerai de fer est présent de Martigné-Ferchaud à Joué-sur-Erdre. A l’époque gauloise et romaine, on extrait le métal avec des bas fourneaux : sur un tertre de terre glaise, dans un lieu ventilé, on construit les parois du four avec des briques rouges ou de l’ardoise du pays. On enfourne le bois par le haut, de la castine (calcaire) et le minerai de fer. Dans le creuset, à la base on récupère le fer en fusion (la loupe), qui est ensuite apuré des scories par réchauffage et martelage. Certaines forges étaient fortifiées (le métal a de la valeur). Ces lieux se nomment ferrière (Châteaubriant), ou chateliers. Ce nom apparaît à Franchaud . A Joué on trouve d’autres sites avec des quantités de mâchefer : à Vioreau, à l’étang du Breil, à Thély...
A partir du moyen âge l’exploitation du fer devient une véritable industrie. Pour produire du fer, il faut du bois transformé en charbon par les charbonniers (forêt de Vioreau, de l’Arche, d’Ancenis..) de l’eau (pour laver, refroidir le métal et entraîner des moulins qui avec la force hydraulique permettent de battre le fer. On barre des ruisseaux pour créer des étangs. Sur le secteur de Riaillé-Joué c’est tout un système qui est mis en place : 5 étangs se succèdent : le Jeanneau (40 ha), la Poitevinière (73 ha), la Provostière (75 ha), la Vallée (19ha) et le Pas-Chevreuil (40 ha). A partir du XV è siècle, les hauts fourneaux remplacent les bas fourneaux. A partir de l’étang, l’eau est canalisée par un bief qui entraîne une grande roue actionnant des marteaux et des soufflets de forge. On charge le gueulard par le haut en alternant minerai, castine et charbon de bois. Le métal entre en fusion à environ 1500°. Trois ateliers composent l’établissement de forge, le fourneau où l’on fabrique la fonte (la Poitevinière), la forge (la Provostière) où l’on transforme la fonte en fer et la fenderie (la Vallée) où l’on fend les fers.
Parution dans le flash d'Octobre 2021.
Les forges de la région fabriquent des outils agricoles, des ustensiles, des plaques foyères et des boulets pour la marine et des plaques de fonte (saumons) pour lester les bateaux. Au XIX è siècle, la révolution industrielle réclame encore plus de fer, il est produit alors grâce au charbon de terre (coke). L’exploitation du fer avec le bois s’achève vers les années 1850.
Les métiers : les mineurs : Les minières sont des carrières à ciel ouvert profondes jusqu’à 7 m. Ils arrachent le minerai avec pics, pioches et pelles. Dans les forêts voisines, les bûcherons abattent les arbres et coupent les bûches. Dans les bas fourneaux, on brûle le bois brut. Puis on découvrit que le charbon de bois chauffait plus fort. Pour fabriquer celui-ci, les charbonniers construisent une meule avec le bois, recouvert de terre et de mottes de gazon. On allume ensuite « le fouée » ; Il faut ensuite surveiller la combustion. L’aristocratie ouvrière comprend un directeur ou régisseur, assisté de commis qui gèrent l’intendance, le maître fondeur qui surveille le fourneau et la fabrication de la fonte, le maître affineur (transformation de la fonte en fer marchand), les souffletiers, les marteleurs ou fendeurs (fer plat découpé en lames). Ils encadrent des contremaîtres, des forgerons, des fondeurs, le maréchal taillandier est chargé du finissage des objets en fer. Le transport du charbon de bois est effectué par des “sacquetiers” qui commandent des convois de chevaux ou des mulets portant sur leur dos des sacs de toile ou par des voituriers avec des charrettes à bœufs. Le fer marchand est acheminé à Nort sur Erdre où il est embarqué sur des gabarres qui descendent l’Erdre vers Nantes.
(sources : Histoire de Riaillé Noël Bouvet)
LA MEMOIRE DES DISPARUS DE JOUE DES GUERRES DU XXème siècle
Plusieurs lieux, dans la commune rappellent le souvenir des morts disparus lors des 2 guerres mondiales, ainsi que ceux des guerres d’Indochine et d’Algérie. Rappel historique : le premier Monument aux Morts a été réalisé en 1917. Il est érigé dans la chapelle Est, au fond de l’église St Léger. La “Piéta”, la Vierge agenouillée près de son Fils rappelle la Mère des Douleurs de la grande guerre, et le sacrifice du soldat mourant.
Pour commémorer le souvenir des enfants de Joué-sur-Erdre, le 17 novembre 1918 le conseil municipal vote le principe de l’érection d’une plaque commémorative dans la mairie de Joué sur Erdre dès que les circonstances le permettront.
Le second Monument fut érigé sur la place du Champ de foire, devant l’entrée du cimetière en 1931. Un bas-relief, représentant un poilu orne la face principale. Il s’agit d’une œuvre de Pierre-Victor Dautel artiste graveur renommé. En 1993 il sera déplacé, avec l’assentiment des associations d’anciens combattants et dans le cadre des travaux d’aménagement du bourg dans le parc de la mairie.
Un troisième monument a été élevé dans le cimetière de Notre Dame des Langueurs, sur le socle d’un calvaire figurent les noms des disparus, surmonté d’un médaillon.
Enfin, encore dans l’église St Léger, on peut admirer un double vitrail de 1921 sur les morts au champ d’honneur 14-18 , signé Henri Uzureau peintre verrier. L’infirmière religieuse évoque la douleur et rappelle le thème de la Piéta ou de la Mère Patrie.
(sources ARRA n° 33et Stanislas Hardy)
Parution dans le flash de Novembre 2021.
Monument aux morts
Historique
Les Guerres
La guerre 14-18
“Plus de 450 hommes de la paroisse furent mobilisés au soir du 3 août 1914. Lorsque le tocsin annonça la mobilisation, ce fut une consternation générale qui fut vite dissipée, tous ayant au cœur l’espoir d’une courte guerre et d’une victoire facile. Avant 7 heures, les hommes et les jeunes gens affluèrent à l’église et ensuite au presbytère pour se confesser, recevoir une médaille du Sacré-cœur, pour communier le lendemain matin. A minuit, le va-et-vient durait encore.
L’organisation pour garder jour et nuit les routes, arrêter quiconque n’avait pas ses papiers en règle fut promptement faite. Pendant près de six mois cette garde fut montée par tous les hommes valides restés au pays. La préfecture, à cette époque, fit cesser cette garde, pourquoi?
Les nouvelles qui arrivèrent bientôt du front consternèrent la population. Ce fut un dur labeur de remonter le moral de tout le monde. Puis vint l’annonce des premières victimes. C’est le curé qui fut chargé d’aller annoncer à toutes les familles les tristes nouvelles. Je ne puis m’empêcher de mentionner ici la foi vive, la résignation complète à la volonté de Dieu que je trouvais dans toutes les familles éprouvées.
Grâce à la générosité de M. le marquis de Goyon, maire, une ambulance fut installée dans les bâtiments du patronage (devenus salle polyvalente). Elle fut filiale de celle d’Ancenis. 221 soldats vinrent en convalescence. La population a fourni souvent: beurre, oeufs, légumes, fruits, mais tous les frais furent payés par le marquis qui avait refusé l’indemnité accordée par le gouvernement pour chaque soldat. Mme la comtesse La Gualès de Mézaubran, par ses soins assidus, a contribué à adoucir les maux de ces pauvres malheureux. Elle fut secondée par aimée Rouaud, cuisinière, la mère Dabouis préposée à la lingerie, Augustine Bouilly, Marie Nouais et Marie Melusseau du bourg. M. le Curé (Lesage) était administrateur.
Les réfugiés belges qui vinrent à Joué furent bien accueillis par la population et rien ne leur a manqué.
Pendant toute la guerre, mes deux vicaires étant partis au front, je suis resté seul pour assurer le service de la paroisse. Nous devons toutefois remercier le R.P. Eugène de l’abbaye de Meilleraye d’avoir bien voulu envoyer chaque dimanche le P. Bernard pour chanter la grand-messe. Je suivais chaque dimanche afin d’assurer les 3 messes et prêchais à chacune”. (Le curé Lesage)
Fermeture de l’Hôpital bénévole N° 146bis Joué-sur-Erdre. En avril 1917, le curé Lesage écrit dans l’Echo Paroissial : “Monsieur Godard, sous-secrétaire d’Etat au ministère de la Guerre, vient de nous adresser en tant qu’administrateur de l’ambulance, l’autorisation de fermer l’hôpital ouvert dès le début de la mobilisation...Cette ambulance que les habitants de la paroisse avaient installée, a rendu service à plus de 150 convalescents...Ceux qui ont fourni la literie, le lait, les légumes, l’argent, leur temps, soient remerciés. Ils ont fait leur devoir de Français, Dieu les en récompensera. Mardi prochain, 10 avril, à 2 h. (heure légale) nous remettrons à chacun les lits et les objets de literie prêtés”. (L’Echo Paroissial du 8 avril 1917)
Le 17 novembre 1918, au conseil municipal, après avoir entendu “l’Hommage aux morts pour la Patrie”, il est voté le principe de l’érection d’une plaque commémorative dans la mairie.
Les victimes 14-18
Voici la liste des victimes de la paroisse tombées au champ d’honneur :
1914
_ Louis Lemasson, bourg, 23 août _ Ferdinand Rupeau, Goudrie, 28 août _ Jean Baptiste Marchand, le Bois, 30 août _ Lieutenant Devallet, bourg, 9 septembre, _ Jean Pelé, Cormeraie, 12 septembre _ Louis Jaunasse, le Gatz, 1er octobre _ Benjamin Gicquiaud, la Gicquelière, 2 octobre _ Etienne Chardron, la Bolinière, 20 octobre _ René Belleil, Allon, 26 octobre _ Alexandre Paillusson, l’Ordonnière, 9 décembre _ Jean Morel, le Mortrais, 9 décembre _ Paul Bréger, le Pâtis, 9 décembre _ Alexandre Forget, la Tisonnière, 18 décembre _ Jean Héas, la Braudière, 21 décembre _ Jean Baptiste Renaud, la Tisonnière, 31 décembre.
1915
_ Louis Glémin, le Vieil-Essart, 24 février _ François Coué, le Bois, 26 février _ Paul Cormerais, la Cormeraie, 28 février _ Jean-Marie Médard, Haute-Folie, 28 février _ Marcel Leray, bourg, 5 mars _ Alexandre Dubois, le Plessis, 9 mars _ Pierre Harrouët, le Bas Ray, 2 avril _ Léger Branchereau, L’Ile, 12 avril _ Alexandre Marchand, Douve, 3 mai _ Jean Galpin, Bas Ray, 6 juin _ Louis Bouleau, Lucinière, 7 juin _ Jean Duhoux, Orgeraie, 7 juin _ Jean Marie Leray, Rouëlle, 10 juin _ Louis Bréhier, le Jarrier, 10 juin _ Pierre Papion, la Jaltière, 14 juin _ Jean Dubois, la Gicquelière, 25 septembre _ François Visset, la Braudière, 25 septembre _ François Jambu, le Bois, 25 septembre _ Pierre Roux, la Mulonnière, 24 novembre.
1916
_ Alexandre Bréhier, St Joseph, 13 février _ François Martin, Tisonnière, 13 février _ Jean-Marie Meignen, la Boustière, 26 avril _ Théodore Bouré, Bry, 2 juillet _ René Delaunay, Douve, 10 juillet _ Arsène Pitré, Haut Bois, 23 juillet _ Abbé Benjamin Mary, vicaire, 4 août _ Louis Leray, Bry, 22 août _ Pierre Bréhier, le Jarrier, 23 octobre _ Jean-Baptiste Cébile, la Freulière, 2 novembre _ Jean-Baptiste Belleil, la Mulonnière, 21 décembre.
1917
_ Jean-Marie Branchereau, St Joseph, 23 mars _ François Beaufils, bourg, 26 mai _ Louis Monnier, Bois-Touchas, 10 octobre _ Alexandre Bâtard, Haute Folie, 19 octobre _ Marcel Pitré, Haut-Bois, 27 octobre _ Georges Troël, Lucinière, 20 novembre _ Julien Branchereau, St Joseph, 26 décembre.
1918
_ Alexandre Paitier, la Haye-Porcher, 5 avril _ Marcel Duhoux, Orgeraie, 6 avril _ Jean-Baptiste Lambert, la Cormeraie, 28 mai _ Etienne Beaufils, la Sauvagère, 25 août _ Pierre Branchereau, L’Ile, 25 septembre _ Jean-Marie Braud, Rouille, 26 septembre _ Pierre Hamon, bourg, 9 octobre _ Julien Aubin, les Auberdières, 31octobre.
Total : 61 noms sur le registre de la paroisse de Joué.
Le dernier poilu de Joué/E
Né le 15 avril 1898, Gustave Bertrand fut incorporé le jour de ses19 ans à Fontenay-le-Comte au 150è Régiment d’Infanterie. Pendant un an, il apprendra comme tous soldats, à combattre. C’est le 30 mars 1918 qu’il arrive avec 800 compagnons sur St Dizier en renfort. Il fait alors partie du 26è Régiment d’Infanterie, 1ère Compagnie, 1er Bataillon. Son aspirant et grand camarade est Delimarès de la Chapelle-sur-Erdre qui sera sous-lieutenant le 11 novembre 1918 et deviendra plus tard Général des Armées.
Témoignage recueilli et relaté dans “L’Eclaireur” du 9 novembre 1984
C’est le dimanche 12 novembre 1995 que dans l’intimité familiale, M. de Pontbriand accompagné du Sous-Préfet, Mme Le Gualès, maire et Michel Cruaud président de l’association des anciens combattants, remit la médaille de la Légion d’Honneur à M. Gustave Bertrand.
Dans ses souvenirs il raconte sa “p’tite blessure”, l’armistice au matin du 11 novembre, et son retour à la maison, le lundi de la Pentecôte 1920.
Il est décédé à la fin de février 1997.
Sources et références : L’Eclaireur de novembre 1995 et février 1997
La guerre 39-45
Le 8 septembre 1943, pèlerinage à la Vierge de la Freulière (statuette au pignon de l’écurie au bord de la route). 300 pèlerins environ, à pied, à bicyclette, en voiture, sur le terre plein proche de la maison, les habitants de la Freulière et de la Braudière avait dressé et fleuri un autel...
Au retour du pèlerinage, nous apprenons que l’Italie vient de signer l’armistice séparé (coïncidence, grâce?).
Le 1er et 2 juillet 1944 : passage de Notre Dame de Boulogne à la Meilleraye de Bretagne. Les paroissiens jovéens s’y rendent le samedi soir à l’église paroissiale et le dimanche à l’Abbaye (présence de 500 jovéens au moins).
Le 8 mai 1945 : Armistice. A 14 h, Te Deum suivi d’une procession au monument aux morts.
Les prisonniers de Guerre qui ont vécu le 8 mai 1945 à Joué :
_ Jean Bidet de Notre Dame des Langueurs rapatrié le 6 mai 1945
_ Félix David de Notre Dame des Langueurs rapatrié le 1er juillet 1941
_ Louis Duhoux du Sacré-Cœur rapatrié le 1er avril 1941
_ Etienne Forget de la Gicquelière rapatrié le 16 janvier 1943
_ Roger Jolivot instituteur public rapatrié le 8 juin 1942
_ Etienne Leray de la Chauvelière (retraite au Mézay en Trans/Erdre) rapatrié le 27 avril 1945
_ Louis Monnier du Plessis (retraite au Bézier) rapatrié le 3 novembre 1940
_ Louis Niel du Vieil-Essart rapatrié le 3 avril 1943
_ Jean Rialland de la Sauzaie rapatrié le 30 avril 1945
_ Francis Martin, la Mulonnière (retraite route des Touches) rapatrié le 31 mars 1943
Lors de la Commémoration de l’Armistice en 1985, plusieurs anciens combattants se remémoraient ces évènements.
L’un se rappelait avoir vu 2 chars venant de Nort-sur-Erdre en pleine nuit avec des silhouettes américaines, un autre se souvenait avoir consommé 130 F de boisson au café Bouilli, l’après-midi (une bouteille au lieu d’une chopine) avec un copain…
L’ensemble des jovéens se rappelait mieux la « Libération », le 5 et 6 août 1944 au lendemain de l’enterrement des frères Templé à la Meilleraye de Bretagne : la 1ère voiture américaine passant à Joué était une ambulance.
Sources et références: Archives paroissiales et souvenirs de jovéens.
Le Monument aux Morts
Le premier Monument aux Morts a été béni le 21 janvier 1917. Il est érigé dans la chapelle Est, au fond de l’église St Léger.
Sorti des ateliers du sculpteur Vallet de Nantes, le groupe en pierre de Château-Gaillard, repose sur un soubassement en pierre de Lavour dure. La “Piéta”, la Vierge agenouillée près de son Fils qu’on vient de descendre de la croix, rappelle la Mère des Douleurs. Les plaques de marbre noir furent placées plus tard.
“Ce sont les dons de tous les paroissiens qui ont permis d’élever ce beau monument”
Sources et références : _Archives paroissiales, du 21 janvier 1917, écrites par le curé Lesage
_L’Echo Paroissial n° 522 du 28 janvier 1917.
Le second Monument fut érigé sur la place du Champ de foire, devant l’entrée du cimetière. Il fut béni, et plus exactement la croix, le dimanche 29 novembre 1931, après la messe de 8 h. et suivant un protocole très précis. (L’Echo Paroissial n° 1022 du 22 novembre 1931).
Il avait été décidé lors du Conseil Municipal du 20 juillet 1930, Alphonse Doulain étant maire, pour 2 925 F inscrits au budget 1931.
Suite au décès du maire, le conseil, dans sa séance du 1er mars 1931, avait désigné le trésorier de l’UNC, Léon Guinel pour être mandaté de la subvention de la commune. (Yves Bainvel sera élu maire le 29 mars).
Dans la séance du 17 mai 1931, le maire prétend que le monument a été élevé irrégulièrement : 1°) parce que l’autorisation exigée par la loi du 30 mai 1916 pour recueillir des souscriptions en faveur des oeuvres de guerre n’a été ni demandée, ni obtenue; 2°) parce que l’érection n’a pas été approuvée par l’autorité préfectorale... 3°) l’autorisation du C.M. contenue implicitement dans sa délibération du 20 juillet 1930 était subordonnée à l’approbation du plan de l’ouvrage à édifier, condition qui n’a pas été remplie.
M. le président du comité d’érection (Jules Doussin) proteste et déclare que le plan a été communiqué au conseil dans sa séance du 14 septembre 1930... Plusieurs anciens conseillers déclarent que plusieurs plans à titre indicatif, notamment celui de Montbert ont été communiqués, mais qu’ils n’ont jamais vu celui du monument actuellement érigé à Joué-sur-Erdre.
Le maire traduit les inquiétudes du C.M. relativement à la situation financière du comité d’érection. M. le président fait alors connaître qu’il manque environ 8 000 F pour achever de le payer. A la question de l’inauguration prévue le 24 mai, M. Doussin reconnaît qu’il doit d’abord être payé entièrement. M. le maire fait remarquer au conseil cette situation paradoxale et en dehors des règles habituelles qui consistent à inaugurer un monument public sans en faire en même temps la remise. Par 15 voix contre 5, le conseil décide de surseoir à l’inauguration.
Le 20 mai, les plans sont déposés officiellement à la mairie et le conseil les approuve dans sa séance du 14 juin 1931. Dans cette même séance, le conseil approuve l’apposition d’une plaque sur le socle du Calvaire du cimetière de Notre Dame des Langueurs.
Une assemblée générale des anciens combattants, le 20 décembre 1931, parle d’un emprunt concernant le monument mais ne précise ni la somme, ni la durée...
Le 16 juin 1946, le conseil municipal vote 5 000 F pour y inscrire les victimes de 39-40.
Le 22 décembre 1954, le conseil décide de repeindre le monument et de compléter les noms.
Le 2 avril 1968, le conseil décide l’inscription de Claude Branchereau “mort pour la France” en Algérie.
Déplacement du Monument aux Morts dans le parc de la mairie
Conseil municipal du 14 juin 1993 (page 159) : Le projet de déplacement du Monument aux Morts ayant reçu l’assentiment des associations d’anciens combattants et dans le cadre des travaux d’aménagement du bourg, la commission chargée de ce dossier avec les Conseils de Monsieur Amineau, architecte, choisira un nouveau lieu d’implantation. Une proposition verbale de l’établissement Herbet/Boulet estimait à 500F de l’heure le démontage de la colonne et 10f au km pour le déplacement.
Cette même année 1993, à l’occasion du 75e anniversaire de l’Armistice 14-18, la population et les anciens combattants avaient répondu nombreux à la cérémonie d’inauguration du nouvel emplacement du Monument aux morts dans le parc de la mairie.
Mme Le Gualès, maire, souligna que l’idée de déplacer le Monument aux morts se fit jour presque naturellement : les encombrements de la place, le bruit des moteurs, la vitesse excessive des véhicules gênant énormément le déroulement normal des cérémonies du souvenir, et par ailleurs l’aménagement du bourg fut une opportunité à saisir pour réfléchir à ce sujet.
Les anciens combattants et la municipalité trouvèrent un parfait “terrain d’harmonie” dans le cadre verdoyant du parc de la mairie...
Conseil municipal du 7 février 1994 (page 194) : Mise en place des obus autour du Monument _ Requête de l’UNC-AFN. Par courrier en date du 19 janvier 1994, Monsieur Cruaud, président, informa Madame le Maire du souhait de l’UNC-AFN de voir se remettre en place, autour du Monument, les chaînes et obus. Le Conseil Municipal, quoique réticent, décide de satisfaire à la demande de l’Association.
Sources et références : _Les délibérations du Conseil Municipal.
_ Recherches publiées dans L’Eclaireur des 5,12 et 19 nov.93 : voir ci-dessous
1918 : les premières dispositions du souvenir patriotique
Convoqué le 14 novembre 1918, le Conseil Municipal s’est réuni le 17 novembre. En fin de séance, Monsieur le Comte Le Gualès de Mézaubran prend la parole en ces termes (livre des délibérations, page 267) : « Messieurs, en ce jour de triomphe de la France et de ses alliés, nous devons faire monter jusqu’à Dieu le cri de notre action de grâce, mais nous devons aussi un souvenir ému et respectueux à nos chers disparus, qui, en versant leur sang et en donnant si magnifiquement et si généreusement leur vie ont préparé notre splendide Victoire. Qu’il nous soit permis également de témoigner notre admiration et notre reconnaissance à Monsieur Georges Clémenceau qui gagna la gloire d’être mis au rang des Grands Français par lesquels aux jours de péril la France fut sauvée, au Maréchal Foch organisateur de la Victoire, à tous ces admirables combattants qui révélèrent le trésor inépuisable des vertus ancestrales que recèle l’âme de la France.
Pour commémorer le souvenir des enfants de Joué sur Erdre qui sont morts si glorieusement pendant cette épouvantable guerre faisant un rempart de leurs corps à ces bandits de Boches qui avaient jurés d’asservir notre France et de dominer le monde. Je propose à l’assemblée communale de faire placer une plaque de marbre sur laquelle leurs noms seront inscrits ».
Le C.M. à l’unanimité des membres présents s’associe aux paroles de M. le Comte Le G. et vote le principe de l’érection d’une plaque commémorative dans la mairie de Joué sur Erdre dès que les circonstances le permettront.
Le 20 juillet 1930, Monsieur le Maire communique une lettre de Monsieur le Président de la section locale de l’UNC demandant au CM un emplacement sur un terrain communal pour y élever un monument aux morts de la guerre et une subvention de la Commune pour participer à l’érection de ce monument… Le CM, après en avoir délibéré, décide, sous réserve que les plans du monument projeté seront soumis à l’approbation de la Municipalité, qu’il sera élevé sur la place du Champ de Foire, près de l’entrée du cimetière et vote une subvention de 2 925 F qui sera inscrite au budget primitif de 1931.
1931
Depuis le 29 mars 1931, Monsieur Yves Bainvel a succédé à Alphonse Doulain à la tête de la mairie. Dans la séance du 17 mai 31, Monsieur le Maire prétend que le monument a été élevé irrégulièrement « 1er parce que l’autorisation exigée par la loi du 30 mai 1916 pour recueillir des souscriptions en faveur des œuvres de guerre n’a été ni demandée ni obtenue, 2ème parce que l’érection n’a pas été approuvée par l’autorité préfectorale…, 3ème l’autorisation du CM contenue implicitement dans sa délibération du plan de l’ouvrage à édifier, condition qui n’a pas été remplie ».
Monsieur le président du Comité d’érection (Jules Doussin) proteste et déclare que le plan a été communiqué au Conseil dans sa séance du 14 septembre 1930… Plusieurs anciens conseillers déclarent que plusieurs plans, à titre indicatif, notamment celui de Montbert, ont été communiqués, mais qu’ils n’ont jamais vu celui du monument actuellement érigé à Joué sur Erdre.
Monsieur le Maire traduit les inquiétudes du CM relativement à la situation financière du Comité d’érection. M. le Président fait alors connaître qu’il manque environ 8 000 F pour achever de le payer. A la question de l’inauguration prévue le 24 mai, M. Doussin reconnaît qu’il doit d’abord être payé entièrement. M. le Maire fait remarquer au Conseil cette situation paradoxale et en dehors des règles habituelles, qui consiste à inaugurer un monument public sans en faire en même temps la remise. Par 15 voix contre 5, le Conseil décide de surseoir à l’inauguration.
Le 20 mai, les plans sont déposés officiellement à la mairie et le CM les approuve dans sa séance du 14 juin 1931. Dans cette même séance, le Conseil approuve l’apposition d’une plaque sur le socle du Calvaire du cimetière de Notre Dame des Langueurs.
Une assemblée générale des anciens combattants, le 20 décembre 1931 parle d’un emprunt concernant le monument mais ne précise ni la somme, ni la durée…
Dans l’Echo paroissial du 22 novembre 1931, M ; le Curé annonce la « Bénédiction du Monument » : « La bénédiction du second monument élevé à la mémoire des enfants de Joué morts pour la France aura lieu, dimanche prochain 29 courant. Le sermon sera donné par Monsieur le Chanoine Lemoine vicaire général. Aussitôt la messe, départ de la procession pour se rendre au monument, dans l’ordre suivant : bannières et croix, enfants de toutes les écoles, Jeunesse Catholique, chantre, clergé à la suite, Monsieur le Maire et son conseil, les autorités, les anciens combattants, les vétérans avec leurs drapeaux, la foule… »
1946
Monsieur le Maire (Jean Belleil) propose au CM d’inscrire à l’emprunt de 200 000, une somme de 5 000 F, destinée 1er à effectuer les réparations et le nettoyage nécessaire au Monument aux Morts, 2ème à inscrire sur ce monument, les noms des victimes de la guerre 39-45
1993
Le 14 novembre, le monument déplacé est inauguré dans le cadre de la Commémoration de l’Armistice.
Nombre d’inscrits sur le Monument aux Morts dans le parc de la mairie :
_ 1914 : 17 noms
_ 1915 : 26 “”
_ 1916 : 20 “”
_ 1917 : 10 “”
_ 1918 : 11 “”
_ 39-45 : 12 “”
_ 1952 (Indochine) : 1 “”
_ 1958 (AFN) : 1 “”
Remarques sur les tables des inscrits
Guerre 1914-1918 : Certaines victimes sont inscrites sur les 3 monuments (mairie, église, cimetière de Notre Dame des Langueurs) d’autres sur 2, d’autres sur 1 seulement. Plusieurs noms sont inscrits sur des tables annuelles, ou différentes d’un monument à un autre, ou non notés sur les registres d’Etat Civil avec la mention « Mort pour la France ». Enfin 3 soldats notés sur les registres « Mort pour la France » (1919, 1920, 1923) ne sont pas gravés sur le monument, alors qu’il a été érigé seulement en 1931.
Guerre 1939-1945 : 12 noms dont Robin Paul (Tonkin) rapporté une nouvelle fois au-dessous « Paul Robin (Indochine) »
Guerre AFN : Claude Branchereau 1938-1958 (AFN). Ce nom n’est pas retranscrit dans les registres d’Etat Civil de Joué-sur-Erdre, ni dans les naissances, ni dans les décès.
Façade du Monument aux Morts de la mairie
Croix de guerre
Crucifix avec la palme de la paix
Texte : « A la Mémoire des Enfants de Joué-sur-Erdre, tombés pour la défense de la France. Le triomphe du Droit et de la Liberté. La population reconnaissante ».
Table des victimes 1939-1945
Table d’un soldat guerre d’Indochine
Table d’un soldat guerre AFN
Soubassement métallique en relief d’un soldat 14-18 tombant au champ d’honneur en pensant à sa famille restée au pays : signé Pierre-Victor Dautel*
*Pierre-Victor Dautel 1873-1951 est un artiste graveur partageant son temps entre Paris et Saint-Géréon (revue de l’ARRA n° 21 de 2006). Il est l’artiste des quatre reliefs du même genre sur le Monument aux Morts d’Ancenis. Pour celui de Joué, on ne trouve nulle part, les traces de sa facture personnelle : on peut supposer que son cachet était englobé avec celui du tailleur de pierre.
Coût du Monument aux Morts (pièce XIV du conflit mairie-UNC de 1931)
Débit : Factures et devis :
David : 57, 40 Frs
Martin-Hamon : 104, 50 Frs
Doulain-Péneau : 213, 00 Frs
Félix Cruaud : 444, 50 Frs
J. Hochet : 153, 00 Frs
R. Trovalet : 106, 00 Frs
Dagobert : 60, 00 Frs
Bertrand : 493, 60 Frs
Les Granits de l’Ouest : 28 520, 00 Frs
Frais supplémentaires prévus : 247, 25 Frs
Facture Hupel : 433, 00 Frs
Total : 30 833, 00 Frs
Crédit :
Numéraires en caisse : 18 241, 15 Frs
Somme souscrite par la commune budget : 2 925, 00 Frs
Marquis de la Ferronays, Comte Le Gualès et divers : 9 666, 85 Frs
Total : 30 833, 00 Frs
Victimes de la Guerre 1939-1945 (inscrites sur le monument)
_ De Charrette Jean : (aucun renseignement dans l’Etat Civil de la commune)
_ Denion Alexandre : Mairie n° 20 de 1946, dcd le 30 avril 1945 à Marhlhofen en Allemagne, prisonnier de guerre, né le 24 déc. 1919
_ Elin Maxime : Mairie n° 11 de 1944, dcd le 10 juin 1940 à Oisy (Ardennes), soldat du 10è Rgt Artillerie Coloniale, né le 14 oct. 1907
_ Harrouet Emile : Mairie n° 15 de 1948, dcd le 7 août 1944 à Weisseufeld en Allemagne, soldat du 116è Rgt Inf., né le 14 juillet 1907.
_ Jamet Pierre : Mairie n° 13 de 1943, dcd le 5 juin 1940 à Formerie (Oise), soldat du 3è Rgt de Dragons, né le 29 juin 1911
_ Legaillard Joseph : Mairie n° 14 de 1943, dcd le 17 juin 1941, rapatrié d’Allemagne du 218è Rgt Inf. lourde à Bourg en Bresse, né le 4 juin 1905
_ Moison Gilbert : Registre de NDL n° 10 de 1941 (+ le monument de NDLangueurs), dcd le 21 août 1941 à Paris, soldat du 65ème Rgt Infanterie
_ Moreau Henri : (aucun renseignement dans l’Etat Civil de la commune)
_ Rialland Pierre : Mairie n° 25 de 1944, dcd le 4 août 1944, né le 25 août 1922, à son domicile
_ Bastard Jean : Registre de NDL n° 19 de 1946 (+ le monument de NDLangueurs), dcd le 26 février 1946 entre Rasenburg et Holwex en Allemagne, du 70è Rgt d’Artillerie, né le 20 janvier 1902, domicilié à la Garais, époux de Marie-Louise Raitière.
_ Dousset Etienne : Registre de NDL n° 13 de 1946 (+ le monument de NDLangueurs), dcd en déportation au Struthof (Alsace) le 6 nov. 1944, né 12 janvier 1927
_ Merlaud L (non inscrit sur le monument de la mairie) : monument de NDLangueurs. (aucun renseignement dans l’Etat Civil de la commune)
_ Fourny M. (non inscrit sur le monument de la mairie) : monument de NDLangueurs. (aucun renseignement dans l’Etat Civil de la commune)
_ Bouré Louise (non inscrite sur aucun monument mais émargée sur le registre Etat civil n° 18 de 1943, « Mort pour la France » le 16 sept. 1943 à Nantes, née le 16 février 1885
Victime de la Guerre d’Indochine
Robin Paul (Tonkin), puis noté : Paul Robin 1930-1952 (Indochine) : acte de naissance n° 24 de 1930 émargé ‘décédé le 28 mai 1952 à Vien-Dinh (Tonkin), « Mort pour la France ».
Victime du conflit en Algérie (AFN)
Claude Branchereau 1938-1958 (AFN). Registre de NDL n° 16 de 1958. Soldat au 28è BCA, dcd le 11 sept. 1958 à Bougie (Constabntine), né à la Chapelle sur Erdre le 5 janvier 1938, fils d’Albert Branchereau et d’Anne Lebastard. Transcription annotée « Mort pour la France ».
Recherches de Stanislas Hardy : août 2012